Cette rencontre tripartite a le mérite d'avoir rassemblé les trois responsables qui ont saisi cette opportunité pour, justement, s'exprimer sur la situation du sport et du ballon rond. Ce rendez-vous avec le premier ministre était attendu, par les dirigeants du football, depuis longtemps. Il a tardé à se concrétiser alors que le football fait face à des urgences capitales pour son avenir immédiat. La refonte du football, seule alternative à même de sauver cette discipline, appelée de tous leurs vœux par les dirigeants du football, a été de nouveau abordée lors de ce conclave, où des priorités ont été sériées. L'équipe nationale, le passage au professionnalisme, le problème des infrastructures, le statut des associations et des différents acteurs qui gravitent autour du football et bien d'autres questions ont été passées en revue. Ce dossier était en souffrance. Beaucoup de temps est passé et rien n'a été fait. Les intéressés désespéraient de voir un jour se concrétiser toutes les promesses formulées au lendemain des victoires éclatantes de l'équipe nationale. Pendant ce temps, la fédération faisait face à une partie au-dessus de ses moyens. L'instauration du professionnalisme imposée par la confédération africaine de football (CAF) à l'horizon 2011, sous peine de ne plus voir nos clubs dans les compétitions continentales et internationales, est, aujourd'hui, plus qu'une menace. Donc, c'est un problème qu'il faut régler dans les plus brefs délais sous peine d'être exclus des compétitions interclubs. La fédération ne peut faire face seule à cette situation. L'implication des pouvoirs publics est vitale pour permettre aux clubs algériens de continuer à exister en dehors de nos frontières. Le passage au professionnalisme requiert beaucoup de choses. Réadapter les textes, doter les clubs de la nature juridique qui sied à ce qui est recherché (professionnalisme), leur octroyer des installations et infrastructures dont ils pourront jouir à longueur d'année et sans contraintes, comme partager le terrain avec d'autres équipes, absence de moyens de récupération, faiblesse, pour ne pas dire inexistence, de structures médicales... Il est attendu du premier ministre qu'il instruise les ministères concernés pour faciliter l'accession des clubs au statut professionnel. L'armature juridique et réglementaire, indispensable à la réussite de cette entreprise, nécessite la participation effective de plusieurs secteurs étatiques sans qui, le passage au professionnalisme restera une chimère. Dans ce domaine, l'Algérie accuse un retard considérable sur nombre de pays du continent. Un premier tournant a été raté en 2002, lorsque la fédération a présenté un plan de refonte du football algérien à l'occasion du conseil interministériel, présidé par l'ancien chef du gouvernement, Mokdad Sifi, consacré au sport et au football en particulier. Depuis, le dossier sommeille dans l'obscurité d'un tiroir. Le fabuleux parcours des verts dans les éliminatoires combinées CAN et coupe du monde 2010 a soulevé un immense espoir et provoqué un engouement populaire extraordinaire, dans lequel se sont engouffrés des opportunistes et des fervents du ballon rond de circonstance. Alors l'éclaircie est-elle pour bientôt ? Un peu prématuré pour le dire. L'action des uns et des autres sera jugée sur pièce. Déjà un bon point. La nomination de Hamid Haddadj comme directeur du centre de regroupement des équipes nationales de Sidi Moussa est un premier geste qui en appelle d'autres. L'implication « jusqu'au bout des ongles » de l'Etat est plus qu'impérative, vitale même. Le football de haut niveau ne peut vivre sans moyens financiers colossaux, humains de qualité et de haute compétence et infrastructurels aux normes. Cela sous-entend l'existence d'une politique, d'une stratégie et aussi d'une volonté clairement affichée. Les dirigeants du football ont fait la politique de leurs faibles moyens avec les résultats que tout le monde connaît. La rencontre Ouyahia - Djiar - Raouraoua est porteuse d'espoirs pour le football national. Dans moins de trois mois, l'équipe nationale croisera le fer avec l'Angleterre, les Etats-Unis et la Slovénie dans le cadre de la coupe du monde 2010. C'est plus qu'un exploit dans la conjoncture actuelle marquée par l'effondrement du niveau du football, stigmatisé par la désaffection du public qui a déserté les stades depuis l'épopée des verts en fin d'année.