Quand on évoque le nom de certains artistes, leur souvenir revient en mémoire. Cette jonction avec les hommes d'antan, qui ont fait l'histoire du sport national, est un moment de nostalgie. L'histoire de notre football est pleine d'exploits. Nos clubs ont toujours enfanté des joueurs de talent, de haute qualité technique, même s'ils n'ont pas brillé à l'échelle internationale. De leurs prouesses ils ont marqué le football algérien. Qui se souvient de la prestigieuse équipe du MO Constantine, du temps des frères Fendi, Khaine, Gamouh, Krokro et bien d'autres? Un quatuor que toutes les équipes rêvaient d'avoir en son sein, a charmé les spectateurs par sa technique exceptionnelle. Certes les années ont passé, mais leurs exploits restent à jamais gravés dans nos mémoires. Ils ont inscrit, en lettres d'or, leur nom dans les annales de la balle ronde constantinoise en particulier et nationale en général. Natif d'un quartier populaire de Constantine, Aouinet El-Foul, Krokro, a commencé à taper dans un ballon très jeune. Avec son compagnon de longue date, Khaine, il a fait l'école buissonnière avant d'être découvert par Hammoudi qui leur fit signer leur première licence au MO Constantine. Déjà petit, il émerveilla par ses prouesses au point d'intégrer l'équipe juniors lors d'un certain MOC-JSM Skikda des Boulaâssel et Draoui. C'était l'apothéose pour Krokro qui gagna, la même année, la Coupe d'Algérie contre l'USMMC, l'actuelle USMH, par 4-1 dont trois buts furent son oeuvre. Continuant sur sa lancée, il sauta presque une «classe» pour se retrouver en équipe fanion. De son premier match, il garde un souvenir indélébile. Quoique la rencontre se soit soldée par un nul, il réussit à tromper la vigilance de Okbi, le gardien volant de l'USM Alger, en dépit de la présence dans les rangs des usmistes d'un Bernaoui, d'un Berroudj et consorts. Malheureusement les Fendi, Gamouh, Zoghmar, Krokro n'ont pas empêché le MOC de rétrograder. Leur remontée, après deux années, fut couronnée d'une seconde place. Ce qui leur donnait droit de prendre part aux championnats maghrébins où Krokro n'a pu s'exprimer pleinement comme à son habitude. Les mondialistes marocains Assila et Fares étaient plus incisifs. Au cours de sa longue carrière, Krokro malheureusement n'a jamais pu goûter aux joies de la consécration. En effet à deux reprises, il échoue en finale de Coupe. La première fois en 1975 face au MC Oran des Freha, Hadefi et Belkedroussi et la seconde fois (l'année suivante) devant le grand MC Alger des Benchikh, Bachta, Betrouni. Mais ce qu'il regrette le plus, c'est de n'avoir pas porté le maillot national en dépit de quelques convocations. Actuellement gérant d'un fonds de commerce, Krokro savoure une retraite bien méritée tout en ayant une pensée respectueuse pour ses anciens compagnons de route, amis et adversaires. Profite encore longtemps du «repos» l'artiste, tu as vraiment ensoleillé notre enfance.