Les agriculteurs n'arrivent plus à écouler leur récolte, suite à la hausse de la production de la pomme de terre d'arrière-saison. La pomme de terre est cédée actuellement à 15 DA le kilo au prix de gros. Alors que les risques liés à la maladie du mildiou, apparue au début du mois courant dans la wilaya de Aïn Defla, ne sont pas tout à fait écartés, en dépit de leur diminution, un autre écueil est venu, ces derniers jours, tourmenter encore les agriculteurs de la filière pomme de terre, les mettant dans une position peu confortable, selon les dires de certains d'entre eux. Il s'agit de la chute du prix du tubercule, cédé actuellement à 15 DA le kilo au prix de gros et entre 25 et 35 DA au consommateur. Du coup, le malaise s'est installé parmi les fellahs, qu'ils soient adhérents ou non au dispositif du syrpalac (système de régulation des produits de large consommation). Ces agriculteurs ayant déjà eu à supporter de nouvelles charges liées à l'augmentation des prix des intrants n'arrivent plus à écouler leur récolte, en raison d'une hausse de la production de pomme de terre d'arrière-saison. Ces derniers jours, ils multiplient les démarches auprès des services de la direction agricole (DSA) afin d'obtenir leur soutien et pouvoir ainsi se maintenir dans la filière. Dans cet ordre d'idées, il convient de préciser que la chute des prix de la pomme de terre est liée, selon des responsables du secteur, à l'abondance de ce produit. L'engouement pour la culture du tubercule dans la wilaya de Aïn Defla, à la faveur des programmes de soutien aux agriculteurs, a, en effet, permis de réaliser une production plus que satisfaisante, de l'ordre de 2,5 millions de quintaux. Plusieurs facteurs ont, par ailleurs, contribué à booster cette filière, en particulier l'extension des superficies réservées à cette culture à l'échelle nationale. S'agissant de la wilaya de Aïn Defla, cette extension est de plus de 1000 ha, ce qui a engendré une production de plus de 680 000 quintaux par rapport à la saison 2008-2009 et un rendement de 256 qx/ha, soit une augmentation de plus de 30 qx/ha comparativement à la même période. En outre, pour la première fois au niveau de cette wilaya, les fermes pilotes se sont lancées dans cette culture, après avoir bénéficié d'un programme de la SGP Proda, seul organisme régulateur, fournisseur de la pomme de terre de semence. Autre facteur à l'origine de cette situation, selon nos sources, les progrès enregistrés dans le domaine de l'irrigation. Des stocks qui risquent le pourrissement Cependant, les responsables du secteur agricole et les fellahs pointent du doigt la SGP Proda ; celle-ci ayant quitté la région sitôt la chute du prix du tubercule annoncée, préférant ainsi se tourner vers d'autres wilayas, nous ont précisé des sources au niveau de la DSA. Avant son départ, le même organisme a procédé à l'enlèvement de 2200 tonnes au niveau des fermes pilotes. Des opérateurs soutiennent par ailleurs que la situation était meilleure la saison précédente, durant laquelle cet organisme avait collecté 6600 tonnes en l'espace d'un mois dans le cadre du système Syrpalac 1. Ce dispositif a permis de stocker près de 29 000 tonnes de pommes de terre. Actuellement, plus de 10 000 tonnes stockées dans les hangars et 4750 tonnes stockées sous froid attendent encore preneurs et risquent le pourrissement si le cri de détresse des intervenants concernés n'est pas entendu, indiquent les mêmes sources. Devant cette situation, des opérateurs adhérents au syrpalac appellent déjà à une opération de déstockage, initialement fixée pour le mois prochain. Mais cette solution est d'ores et déjà écartée par le premier responsable du secteur. Ce dernier craint en effet d'aggraver la crise en se pliant à cette demande, en raison de l'arrivée imminente sur le marché des primeurs en provenance des zones côtières, a-t-il précisé. Pour minimiser les dégâts et ne pas décourager les producteurs, le DSA effectue des démarches dans l'urgence, auprès de la SGP/Proda et des commerçants privés pour les inciter à venir acheter la pomme de terre de Aïn Defla, nous a-t-on affirmé. A noter enfin que seules des mesures pouvant être prises par la tutelle pourraient permettre de protéger la marge bénéficiaire des fellahs, tout en préservant le pouvoir d'achat du consommateur. Une équation difficile, selon les spécialistes, et ce, en l'absence d'une politique qui tienne compte de toutes les étapes du circuit de commercialisation de ce produit, ce qui constitue d'ailleurs un paramètre incontournable pour la réussite des programmes de soutien initiés par le ministère de tutelle.