Il est 13h, en cette pluvieuse et glaciale journée du 13 novembre, lorsque la collégienne Nour El Houda, âgée de 16 ans et scolarisée en classe de 3e année moyenne au CEM de Oued Djer (daïra d'El Affroun), pénètre dans la cours de l'établissement pour aller rejoindre sa salle pour le cours de mathématiques. Des élèves sont encore dans la cour, pressant le pas pour ne pas rater le début des cours et aussi pour se protéger de la pluie qui tombait à torrents, Nour El Houda s'active lorsqu'elle est interpellée par le directeur de l'établissement qui lui demanda ce qu'elle faisait dans la cour. «Je lui ai répondu poliment que j'allais rejoindre ma classe», explique la collégienne. Pris d'un excès de colère injustifié, selon la collégienne, il lui asséna à l'aide d'un tuyau de gros calibre plusieurs coups au niveau des jambes. Nour El Houda s'affaisse par terre, perdant momentanément connaissance, ce qui n'a pas empêché le directeur, selon des témoins de la scène, de continuer à lui porter des coups, et cela devant ses camarades de l'établissement scolaire et certains enseignants, témoins impuissants de ce qui se passait sous leurs yeux. Laissée allongée au milieu de la cour, la collégienne a été aidée par ses camarades à rejoindre sa classe, avant qu'elle ne ressente vers 15h des douleurs, des nausées et une forte fièvre. «Le chef d'établissement refusa de me laisser rentrer chez moi», dit-elle. Et d'ajouter : «J'avais mal partout et je ne pouvais plus tenir debout.» Les coups et blessures volontaires confirmés par le CHU Le lendemain matin, accompagnée de son père, elle fait une visite médicale au service de médecine légale du CHU de Blida. Dans le certificat médical de constatation de coups et blessures destiné à la justice, dont nous détenons une copie, le médecin légiste confirme que la collégienne a été victime de coups et blessures volontaires à l'aide d'un objet contondant. Les constatations médicales font état d'un traumatisme des membres inférieurs à l'origine de trois ecchymoses mesurant 8 et 10 cm de grand axe, siégeant respectivement au niveau de la face postéro-externe de la jambe droite et la face postérieure de la jambe gauche. Une incapacité temporaire totale de travail de 8 jours lui a été délivrée, sauf complications. Sur le plan mental, Nour El Houda présente déjà un état de stress post-traumatique. Elle souffre de troubles du sommeil, de syndrome de reviviscence et de sursaut au moindre bruit. En outre, tabassée violemment devant ses camarades et humiliée en pleine cour du collège, la victime refuse la réintégration de l'établissement. «Je me sens souillée, amoindrie, un sentiment de honte m'envahit», raconte-t-elle. Et de poursuivre en sanglotant : «Mes parents ne m'ont jamais frappée, je ne suis pas une fille à problèmes». Dépôt d'une plainte contre le directeur Son père a déjà déposé une plainte au tribunal d'El Affroun et une autre à la brigade de gendarmerie. En attendant, ses camarades de classe continuent à lui rendre visite en signe de solidarité pour lui remonter le moral et pour l'inviter à surseoir à sa décision de ne plus remettre les pieds dans l'établissement où elle est inscrite. Il faut dire que si les coups laissent des bleus sur le corps, la violence physique et morale laisse des traces indélébiles sur le plan mental de la victime. Un rapport détaillé des faits, daté du 15 novembre 2017 (El Watan détient une copie) a été adressé à la direction de l'éducation nationale de la wilaya de Blida. Dans cette lettre, le père de Nour El Houda déplore le comportement du directeur de l'établissement scolaire et demande à la directrice de l'éducation de prendre les mesures qui s'imposent à son encontre. Effectivement, comme nous le dira un enseignant à la retraite, quelle que soit la nature de l'effraction commise par un élève au sein de l'établissement scolaire, nul ne peut s'arroger le droit de le maltraiter, que ce soit physiquement et encore moins verbalement. Il existe bel et bien tout un arsenal administratif régi par un règlement intérieur d'un établissement scolaire pour sanctionner les élèves enfreignant ladite réglementation. Un éducateur ne doit pas avoir dans les mains un bâton mais plutôt un stylo !