La situation des sinistrés du séisme de mai 2003 à Boumerdès ne cesse de se dégrader au fil des années. Aux conditions de vie extrêmement pénibles à l'intérieur des chalets, s'ajoutent les tracas administratifs dus au relogement et à la réaffectation de ces habitations provisoires dans le cadre du social. En effet, pas moins de 28 familles occupant des chalets au site de Benmerzouga, dans la commune de Boudouaou, à l'ouest de la wilaya, risquent de se retrouver à la rue. Et pour cause, des mises en demeure les sommant d'évacuer les lieux ainsi que des décisions d'annulation d'attribution des chalets leur ont été adressées par l'ex-chef de daïra de Boudouaou en octobre 2008. « Au lieu de nous reloger, après tant d'années d'attente dans des conditions misérables, les pouvoirs publics n'ont pas trouvé mieux que de nous intimer l'ordre de plier nos bagages », déplore-t-on. Plus grave, les habitations en question ont été réaffectées à d'autres personnes dans le cadre du social durant la même période. Néanmoins, ces sinistrés occupent toujours ces chalets qu'on leur avait attribués en décembre 2003 et leur situation reste toujours pendante. « Les autorités ont procédé à l'attribution de nos chalets à d'autres personnes sans nous reloger. En plus, nous avons fourni au même titre que ces nouveaux bénéficiaires des dossiers pour un logement. Personnellement, j'ai postulé à un logement social en 2007, mais ma requête est restée lettre morte. Ma femme en a eu assez de vivre dans un chalet à six, avec mes parents et mes frères. Cela a provoqué notre divorce », s'indigne Mourad. « Nous n'avons pas où aller et la menace de l'expulsion est devenue une épée de Damoclès sur nos têtes », se plaignent les familles concernées. Même la bataille administrative à laquelle ils se sont livrés en frappant à toutes les portes des responsables locaux ne leur a pas été utile. Ces familles, faut-il le souligner, ont été frappées de plein fouet par le séisme. Leurs habitations avaient été classées dans la catégorie Rouge 5, c'est-à-dire irrécupérables. Ayant opté pour la reconstruction, ces sinistrés n'ont pas pu achever les travaux qu'ils ont entamés dès qu'on leur a versé l'aide. Ils manquent de moyens financiers. A défaut d'un acte de propriété, une attestation administrative leur a été délivrée par le P/APC en mars 2005 afin de leur permettre de bénéficier de l'aide à la reconstruction, dont le montant s'élève à 1million de dinars. Les travaux de reconstruction ont été suspendus aussitôt cette aide de l'Etat consommée. Selon un devis estimatif, établi par un bureau d'études pour l'un des sinistrés, le coût total des travaux de reconstruction s'élèverait à plus de 4 millions de dinars. Cet écart devrait être couvert par un crédit bancaire à taux bonifié au profit des sinistrés, tel que prévu par la loi. Cependant, la banque a refusé d'accorder des crédits aux sinistrés à cause de l'absence d'actes de propriété des terrains. Cet état de fait a contraint ces derniers à abandonner les travaux qui ont atteint un taux d'avancement de 25% il y a une année, selon un PV de la commission chargée du suivi des travaux.