Le président sahraoui, secrétaire général du Front Polisario, Ibrahim Ghali, a appelé la Première ministre de la Nouvelle- Zélande, Jacinda Ardern, à renoncer à l'importation du phosphate, extrait illégalement, du Sahara occidental, rapporte l'APS citant l'Agence de presse sahraouie (SPS). Il a indiqué qu'une telle activité illégitime contribue à la consécration de l'occupation marocaine et à la violation du droit international et porte atteinte au droit du peuple sahraoui à sa souveraineté sur ses ressources naturelles. Dans un message de félicitations à Mme Jacinda Arden pour son élection à la tête du gouvernement néo-zélandais, Ibrahim Ghali a rappelé aussi les tentatives, en vain, pour dissuader les sociétés impliquées dans l'importation du phosphate sahraoui, avant que le Polisario n'adopte plusieurs mesures judiciaires contre les cargaisons transitant entre Panama et l'Afrique du Sud en direction de la Nouvelle-Zélande et qui ont été restituées au peuple sahraoui. Il a indiqué que plusieurs sociétés relevant de différents pays, entre autres, l'Australie, la Norvège et l'Uruguay, ont décidé de ne plus importer le phosphate du Sahara occidental. «Il serait juste, moral et conforme à la légalité internationale que la Nouvelle-Zélande considère l'importation du phosphate sahraoui comme activité illégale», a-t-il- observé. Malgré les protestations… Par ailleurs, l'Association espagnole des Amis du Sahara occidental d'Alava a condamné l'exploitation illégale des ressources naturelles dans les territoires occupés par le Maroc, insistant sur l'impératif de cesser ce pillage et de protéger les richesses du peuple sahraoui. L'Association a lancé une campagne de sensibilisation concernant l'exploitation «illégale» des ressources naturelles du Sahara occidental, y compris les ressources halieutiques, et le pillage du phosphate, du sable et des énergies renouvelables, selon un communiqué de l'Association diffusé par l' agence SPS. L'Association a plaidé pour l'arrêt du pillage des ressources naturelles du Sahara occidental, dénonçant leur exploitation illégale par le Maroc, en dépit des lois et des chartes internationales criminalisant ces actes. De son côté, le président de l'Association pour la surveillance des ressources et la protection de l'environnement au Sahara occidental (AMRPENWS), Lahcen Dalil, a qualifié l'exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental par l'occupation marocaine de «grave violation», ajoutant que «le régime marocain a exploité durant 42 ans d'occupation les ressources naturelles sahraouies de manière illégale». Il a présenté un exposé sur les ressources naturelles du Sahara occidental exposées au pillage et à la spoliation systématiques par l'occupation marocaine, déplorant la marginalisation des Sahraouis dans les territoires occupés qui peinent à accéder à l'emploi. Il a cité en particulier le pillage important du phosboucraa (phosphates de la région de Boucraa) et des algues rouges et noires sur la côte sahraouie. La Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a affirmé, le 21 décembre 2016, que l'accord d'association Union européenne-Maroc sur les produits agricoles et la pêche n'est pas applicable au Sahara occidental. Relevant le statut «séparé et distinct» garanti au territoire du Sahara occidental par la Charte des Nations unies, la CJUE a affirmé dans son arrêt «qu'il est exclu de considérer que l'‘‘expression territoire du royaume du Maroc'', qui définit le champ territorial des accords d'association et de libéralisation, englobe le Sahara occidental et, partant, que ces accords sont applicables à ce territoire». Et de prévenir : «Il ne peut y avoir d'accords englobant le Sahara occidental sans le consentement du peuple sahraoui.» De son côté, l'Observatoire des ressources du Sahara occidental (WSRW) a encore interpellé, dans un communiqué rendu public samedi, le groupe international Siemens sur son implication dans la majorité des projets marocains illégaux d'énergie éolienne dans les territoires sahraouis occupés. WSRW a fait savoir qu'il a de nouveau adressé une lettre à Siemens dans laquelle il a demandé au groupe s'il a obtenu l'autorisation du peuple du Sahara occidental avant de s'impliquer dans presque tous les projets d'énergie éolienne marocains dans les territoires occupés, comme l'exige le droit international. La lettre de WSRW envoyée le 7 décembre «répète une seule et même question, reprenant pour l'essentiel une question que Siemens continue d'esquiver : le peuple du Sahara occidental a-t-il donné son accord pour que les éoliennes de Siemens soient installées sur ses terres ?» est-il relevé dans le communiqué. Dans un précédent rapport, WSRW a relevé que le Maroc envisage de construire encore plus de parcs éoliens au Sahara occidental occupé, confiés à Nareva, la société d'énergie éolienne, propriété du roi marocain, et Siemens, le géant allemand d'ingénierie. Il rappelle dans son dernier communiqué qu'en décembre 2016, le Maroc a lancé un appel d'offres pour installer un réseau d'électricité à très haute tension dans le Sahara occidental, un territoire qu'il occupe illégalement depuis 1975. Le projet envisage de relier deux parcs éoliens : l'usine d'Aftissat (200 MW) et la ferme de Boujdour (400 MW), qui seront construites illégalement au Sahara occidental occupé. Les travaux à Aftissat sont déjà en cours, et la société britannique Windhoist est actuellement en train d'ériger 56 éoliennes Siemens-Gamesa, fruit de la fusion entre Siemens Wind Power et l'entreprise espagnole Gamesa en avril dernier, a noté l'Observatoire. Il précise que ce projet fait partie d'un programme qui comprend également la construction de cinq parcs éoliens dont deux au Sahara occidental, le premier à Boujdour et le second à Tiskrad, une ville proche d'El Aâyoun, la capitale du Sahara occidental occupé. Le géant Siemens est impliqué dans pratiquement tous les parcs éoliens du territoire occupé, affirme encore une fois l'Observatoire. L'entreprise allemande a fourni des pièces d'éoliennes pour le parc opérationnel de Foum Al Oued, a remporté l'appel d'offres pour la construction du parc éolien de Tiskrad et de Boujdour, et fournit également les pièces nécessaires à la construction du parc éolien d'Aftissat, relève WSRW. L'Observatoire rappelle encore une fois, qu'avec les nouveaux parcs éoliens prévus à Boujdour, plus de 40% de l'énergie éolienne du Maroc sera produite illégalement dans les territoires occupés du Sahara occidental. Pour rappel, la présidente de WSRW, Joanna Allan, a affirmé, dans une étude diffusée l'année dernière par la revue britannique The Journal of North African Studies, que les sociétés complices avec le Maroc dans l'exploitation des richesses du Sahara occidental occupé contribuent à prolonger le conflit opposant le Maroc et le Front Polisario et privent le peuple sahraoui de ses droits à une vie décente. Mme Allan a souligné que le peuple sahraoui souffre alors que sa richesse est dépouillée par des firmes complices avec l'occupant marocain. L'étude a relevé que dans les territoires du Sahara occidental, l'occupant marocain exploite le phosphate, le poisson, les produits agricoles, le sel, le sable et l'énergie éolienne, ne laissant aucune chance aux Sahraouis d'en bénéficier. WSRW considère cette exploitation illégale comme une atteinte aux droits du peuple sahraoui, puisque la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental n'est pas reconnue par la communauté internationale, et il s'agit d'une question de décolonisation d'un territoire occupé par une force étrangère. Fin juillet, le quotidien britannique The Guardian a révélé l'existence d'un projet de doter la plage de Tauro aux îles Canaries de 300 mètres carrés de 70 000 tonnes de sable fin qui proviendrait du Sahara occcidental. Une pratique qui ne date pas d'hier, selon le quotidien britannique, qui a affirmé que le sable du Sahara occidental a été utilisé dans plusieurs plages espagnoles par le passé. Plus de 270 000 tonnes de sable auraient été acheminées vers la plage de Las Teresitas à Tenerife dans les années 1970, alors que le Sahara occidental était encore une colonie espagnole. En mai, l'importation illégale à Majorque (Espagne) de 35 000 autres tonnes de sable du Sahara occidental a suscité l'indignation de la société civile espagnole qui a manifesté contre l'arrivée du bateau transportant la cargaison de sable.