L'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT) et Western Sahara Ressources Watch (WSRW) ont soutenu qu'"une occupation verte est avant tout une occupation et n'en est pas moins illégale", faisant allusion aux déclarations du roi du Maroc de faire la promotion de projets écologiques au Sahara occidental occupé. L'ACAT et WSRW ont souligné dans un communiqué de presse rendu public que "les déclarations du roi Mohammed VI pour faire la promotion de projets écologiques au Sahara occidental ne doivent pas faire oublier les violations du droit international commises sur ce territoire et l'exploitation illégale des ressources naturelles par le Maroc dont sont victimes les Sahraouis, parfois avec la complicité d'entreprises internationales." "La nouvelle édition de la Conférence des Etats parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) est une occasion majeure pour le royaume de promouvoir son image de bon élève en matière de développement durable. Un développement terni par les violations graves du droit international sur lesquelles il repose", ont soutenu les deux organisations. En effet, notent ACAT et WSRW, "une part importante des parcs éoliens mis en place ces dernières années sont implantés frauduleusement hors du territoire marocain, dans ce qu'il est coutume d'appeler la dernière colonie en Afrique: le Sahara occidental". "Une exploitation lucrative des ressources énergétiques à laquelle les Sahraouis s'opposent et dont ils ne tirent guère de profit", a-t-on ajouté dans le texte. "Un des piliers et moteurs de l'occupation est l'exploitation des ressources du territoire sahraoui, ressources halieutiques, agricoles, fossiles, minérales, énergies éolienne et solaire… Le Sahara occidental regorge de richesses que le royaume chérifien, puissance occupante, spolie illégalement au vu et au su de tous", rappellent ACAT et WSRW. L'illégalité fondamentale de cette exploitation réside dans le fait que le Maroc n'a tout simplement pas le droit d'être présent, d'agir, de passer des accords sur le territoire du Sahara occidental sans que les Sahraouis n'y consentent et que cette exploitation ne se fasse à leur profit. Cela vient d'être rappelé par le Comité des droits de l'homme des Nations unies qui a exigé que le Maroc recueille le "consentement préalable, libre et éclairé (du peuple sahraoui) pour la réalisation de projets de développement et d'opérations extractives". Selon Hélène Legeay, responsable des programmes Maghreb à l'ACAT, "alors que l'exploitation des ressources du Sahara occidental par le Maroc est de plus en plus critiquée, tant par les Nations unies que par les partenaires économiques du Maroc, ce dernier tente de profiter de la COP22 pour écoblanchir" son occupation du Sahara occidental à travers la promotion des projets écologiques menés dans les territoires occupés. L'ACAT et WSRW rappellent aux Etats qui participent à la COP22 que "l'Accord de Paris lie intimement la lutte contre les changements climatiques avec le respect des droits fondamentaux parmi lesquels les droits des peuples autochtones". "Les signataires de l'Accord de Paris sur le climat doivent garder en tête le fait qu'un développement, aussi écologique qu'il soit, n'est ni propre ni durable dès lors qu'il piétine les droits fondamentaux rappelés par l'Accord de Paris", selon les organisations. Au Sahara occidental, l'exploitation des énergies renouvelables bénéficie davantage au gouvernement et aux colons marocains qu'au peuple sahraoui. Pour ne citer qu'un exemple, l'essentiel de l'énergie produite par le parc éolien de Foum el-Oued, situé en territoire occupé, alimente l'Office chérifien des phosphates, une entreprise qui se livre depuis des décennies au pillage du phosphate, sans que le peuple sahraoui n'ait jamais consenti ni à l'exploitation de son phosphate ni à celle de son énergie éolienne", selon la même source.