C'est lors de la tenue, à Paris, de la récente réunion internationale du G5 Sahel — qui regroupe la coalition militaire de cinq pays africains — que le Premier ministre italien a révélé cette décision. Le sommet euro-africain du G5 Sahel, qui a regroupé, à Paris le 13 décembre dernier, les leaders de cinq pays africains — Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad et Mauritanie — et ceux de trois pays européens (France, Italie, Allemagne), a permis au président français, Emmanuel Macron, d'inviter les parties engagées dans cette alliance à intensifier leur contribution, aussi bien en présence militaire qu'en fonds financiers. La France n'a pas caché, à l'occasion, son souhait d'impliquer l'Algérie (et le Sénégal) absente de cette réunion à laquelle 20 leaders ont pris part. En réponse à l'appel d'Emmanuel Macron, le président du Conseil italien, Paolo Gentiloni, a annoncé le prochain envoi au Niger de 470 soldats et de 150 engins militaires. L'Italie, qui a ouvert son ambassade à Niamey en 2016, compte renforcer sa présence dans ce pays. Les 500 soldats italiens vont s'ajouter aux 4500 militaires français, aux 800 officiers américains et aux 10 000 Casques bleus déployés chez le voisin de l'Algérie. La force italienne devrait rallier le Niger, vers le début de l'année 2018, une fois que le Parlement aura approuvé cette décision. Cela devrait être une simple formalité, vu que l'une des motivations annoncées, «la lutte contre les débarquements de flux de réfugiés sur les côtes italiennes», fait le consensus au sein des différents partis politiques, au pouvoir comme dans l'opposition. La péninsule retirera, de l'Irak, la moitié de son contingent pour le déplacer en Afrique. «Notre effort pour participer à la mission du G5 Sahel découle naturellement de l'accord de coopération militaire qui nous lie au Niger», tient à nous préciser un responsable italien. En effet, la ministre de la Défense italienne, Roberta Pinotti, et son homologue nigérien, Kalla Moutari, avaient signé à Rome, le 26 septembre dernier, un accord de coopération qui inclut la formation de personnel du pays africain. «Le gouvernement nigérien nous a adressé une demande officielle pour envoyer des formateurs experts dans le domaine de la surveillance des frontières. Nous commencerons d'abord par l'envoi d'une vingtaine de nos cadres militaires (carabinieri, gardes-frontières…) pour aider ce pays à protéger sa souveraineté territoriale, et un équipement léger. Ensuite, cette mission, une fois approuvée par le Parlement, sera amplifiée», nous explique le responsable italien qui préfère garder l'anonymat. La France voudrait pousser ses partenaires européens à porter la force militaire à 5000 soldats, afin de se désengager un peu. Car en renforçant sa présence au Niger, l'Union européenne (UE) veut sans doute bousculer la forte présence américaine dans la région, plus de 1300 soldats américains sont basés en Afrique. Au Niger, de 100 soldats déployés en 2013, le Pentagone a porté ce nombre à 800 en 2017. Cela fait foule dans un territoire aux institutions très fragiles et économiquement aux abois, aux frontières d'une Algérie qui a payé un lourd tribut (économique, humain et social) dans sa lutte contre le terrorisme. Quant aux coûts de l'opération du G5 Sahel : 400 millions d'euros, le président français a fait savoir que 250 millions d'euros devaient être trouvés rapidement et confirmé un apport de 100 millions de dollars provenant de l'Arabie Saoudite et de 30 millions des Emirats arabes unis. L'UE a promis, elle, de tomber 50 millions dans l'escarcelle.