Elle règle la problématique des Algériens et des Amazigh vis-à-vis du temps, en remettant ce dernier dans le compteur du temps amazigh, un concept dont le terme en berbère a même disparu. Ce n'est pas peu, il reste maintenant à amender également la Constitution pour requalifier cette terre qualifiée d'arabe. La requalifier pour ce qu'elle est, de terre amazighe ou, au moins, éviter de ne pas trop jouer avec les qualificatifs frustrants et répressifs. Yennayer comme journée nationale, c'est un acquis indéniable d'une lutte de plusieurs générations vécue dans le sang, la torture et dans les larmes dans une Algérie pourtant indépendante. Il reste, maintenant dans ce combat de plusieurs générations, la Kabylie qui a fourni la militance face au déni. Et aux autres Algériens non berbérophones de se saisir de la cause amazighe pour en faire véritablement une cause nationale et pour la sortir des ornières ou le déni anti-amazigh des régimes nord-africains arabiques et islamiques. La réhabilitation de l'identité et de la culture amazighes est une œuvre de longue haleine. Maintenant, nous ne pouvons pas, sur un seul fait, juger de l'existence ou non d'une volonté politique chez le régime algérien. Tout ce qui a été arraché l'a été par nos souffrances. Jusqu'ici, la volonté politique du régime a été très peu présente. Mais nous ne crachons pas sur l'avenir. Ce qui est certain, c'est que la revendication amazighe est une revendication hautement subversive. En ce sens, elle pose la question de la diversité et de la pluralité qui lui sont consubstantielles pour des régimes nord-africains qui sont plutôt bâtis sur la pensée unique. C'est ce qui a fait de tamazight une question très politique. C'est une question qui ne pose pas uniquement la problématique de la langue, la culture et de l'identité, mais aussi celle de l'acquisition des libertés fondamentales, des droits de l'homme, de l'Etat de droit et de la démocratie.