Après des années de marginalisation, la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF) est remise sur les rails. Son pari est de regagner la confiance des usagers et convaincre que le train a encore de beaux jours devant lui. Avec l'introduction des autorails, elle a modifié son image et attiré une clientèle surtout vers son réseau de banlieue. Est-ce pour autant gagné pour elle ? Pour sortir définitivement du tunnel, elle doit mener à terme le programme de modernisation mais surtout accélérer la cadence des mutations en cours. La stratégie arrêtée par le ministère des Transports comporte trois phases. Une étape de rattrapage qui vise à combler les insuffisances constatées sur le réseau actuel à travers des actions de modernisation des infrastructures de la voie et de la signalisation et télécommunication, de doublement des voies de la principale artère d'échange du pays : frontière algéro-marocaine - Oran - Alger - Annaba, d'électrification du réseau, de suppression des voies étroites et des passages à niveau et d'acquisition d'un matériel moteur et remorque moderne, adapté à des vitesses minimum de 160 km/h. L'étape d'extension Une étape de consolidation qui vise à permettre au mode ferroviaire de reprendre ses parts de marché et d'occuper la place qui lui revient dans le système national des transports à travers, notamment, la continuité des actions engagées comme la poursuite de l'électrification du réseau, son maillage par la réalisation des lignes et dessertes nouvelles et l'acquisition de moyens de production performants. Une étape d'extension qui vise effectivement, à l'horizon 2025, à doter le pays d'un réseau ferroviaire maillé et structurant à travers, notamment, l'achèvement de la rocade des Hauts-Plateaux, des pénétrantes nord-sud, de la boucle du sud et de l'électrification. La première phase a permis aux citoyens algérois d'emprunter le réseau de banlieue entièrement électrifié à bord d'automotrices neuves et dotées du confort nécessaire. Dans une deuxième phase, et au-delà de toutes les infrastructures nécessaires au transport de plus de 90 millions de passagers par an, le citoyen disposera entre autres d'une gare centrale moderne et d'une liaison directe avec l'aéroport d'Alger. Le coût de cette deuxième phase est évalué à 1,2 milliard de dollars. Après une période de doute, l'autorail intervilles est devenu une réalité. En dépit du prix relativement élevé et de certaines insuffisances liées à l'organisation, les voyageurs ont fini par l'adopter. Celui qui assure la liaison entre Béjaïa et la capitale connaît une forte fréquentation. Il fait le plein à chacune de ses navettes. Il doit rallier les deux villes en 3h 55 mais accuse toujours un retard d'au moins 20 minutes. Mais pour le prix, il reste cher : Alger-Béjaïa coûte 710 DA en plein tarif. Les responsables de la SNTF ont une explication : c'est le prix du confort et de la sécurité. Ils avancent un autre argument : il faut amortir les investissements. En fait, après l'avoir marginalisée pendant plusieurs années, l'Etat a décidé d'apporter son soutien financier à la SNTF pour éviter à cette société un dépôt de bilan. Pas moins de 16,6 milliards de dollars seront alloués pour la concrétisation du schéma directeur du plan de développement des transports ferroviaires à l'horizon 2025. Avec ces investissements, le gouvernement espère ramener, à terme, la part du rail dans le transport national de voyageurs de 5% à 20%, à l'horizon 2015, avec près de 80 millions de personnes transportées, selon les prévisions de la SNTF. Il est à souligner qu'elle a enregistré un découvert de 14 milliards de dinars et des créances de 1,5 milliard de dinars. Les charges sont estimées à 50 milliards de dinars, la dette d'exploitation à 20 milliards de dinars et les dettes d'aide à l'investissement à 34 milliards de dinars, contre un chiffre d'affaires de 4,4 milliards de dinars, selon des données émanant de la SNTF. La longueur des lignes existantes est estimée à 4300 km, dont 3200 km de voies normales (1435 mm), 1100 km de voies étroites (1055 mm), 394 km de double voie et 283 km de voies électrifiées. La SNTF s'est fixé des objectifs par rapport à une stratégie globale pour l'augmentation de la vitesse commerciale sur les axes privilégiés : Alger-Oran (420 km) fixée à 2h45, Alger-Constantine (462 km) à 3h20 et Alger-Annaba (629 km) à 4h45. Les caractéristiques techniques des lignes à grande vitesse (LGV) sont les suivantes : la ligne est à double voie avec un écartement normal de 1435 mm. La vitesse de fond est de 220 km/h en zone de plaine et de 200 km/h en zone de montagne. Il convient de relever que la SNTF compte harmoniser l'ensemble de son parc avec les projets d'acquisition de matériels neufs et réinjecter du potentiel aux voitures afin de prolonger leur durée de vie pour offrir à toutes les catégories d'usagers du train des conditions de voyage nouvelles et attractives.