La première responsable du secteur de l'Education a d'ores et déjà lancé les procédures de mesures disciplinaires à l'encontre des enseignants en grève depuis le 27 novembre à Blida et Béjaïa, et le 30 janvier à l'échelle nationale. Après les appels à la sagesse et au dialogue, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, a adopté hier un ton ferme contre le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste) dont la grève est «illégale». Le ministère a d'ailleurs lancé les procédures pour les mesures disciplinaires contre les enseignants en grève depuis le 27 novembre à Blida et Béjaïa, et du 30 janvier à l'échelle nationale. Ces mesures appliquées conformément à la loi vont de la ponction sur salaire, à la mise en demeure avant d'aboutir à la radiation et au licenciement, a menacé, hier, Nouria Benghabrit, invitée au forum de la Chaîne 1 de la Radio nationale. Pour la première responsable du secteur de l'Education, le spectre de l'année blanche que craignent les parents d'élèves «est totalement éloigné» grâce aux mesures d'urgence décrétées au niveau des établissements concernés par la grève. La ministre parle de recours aux contractuels et aux retraités du secteur pour remplacer les enseignants grévistes, ainsi que l'intensification des rondes d'inspecteurs pour s'assurer de la continuité des cours, lesquels inspecteurs sont parfois appelés à remplir la fonction d'enseignants. Pour la ministre, la plateforme numérique avec ses listes d'attente d'enseignants reçus aux concours de recrutement précédents constitue une source de recrutement de vacataires pour combler les besoins engendrés par le débrayage des enseignants. La situation est ainsi maîtrisée, selon Mme Benghabrit, qui estime que le retard causé dans les deux wilayas, qui est de quatre semaines de cours, est «totalement maîtrisable». Pas question donc d'évoquer le raccourcissement du programme ou d'accepter le «chantage» du Cnapeste qui est «hors-la-loi». La ministre a d'ailleurs dénoncé la politique de «chantage» du Cnapeste, refusant le dialogue avec la tutelle en usant de «manipulations» et de «mensonge» pour chercher à justifier sa position avec des revendications «irréalistes» et qui «abuse du droit de grève». Le Cnapeste, pour rappel, revendique la concrétisation des procès verbaux signés par les directeurs de l'éducation de Blida et de Béjaïa «sous une forte pression», voire du «harcèlement», selon les propos utilisés par la ministre. Ces procès verbaux sont relatifs au droit de mobilité non fixé dans le temps et non conforme à la réglementation, insiste la ministre indiquant que «le seul procès verbal reconnu est celui signé en 2015 et publié sur le site du ministère». Mme Benghabrit dénonce «des motivations inavouées», des représentants du bureau national du Cnapeste, «dont les salaires n'ont jamais été touchés» contrairement à ceux des autres grévistes. Le bureau national du Cnapeste s'est opposé à la décision du bureau local du même syndicat qui avait affiché son accord pour la médiation entreprise par le président de l'APW de Béjaïa qui devait aboutir à une rencontre entre la ministre et les représentants locaux de cette formation syndicale avant l'implication du bureau national s'opposant à cette démarche de réconciliation. La ministre dénonce «l'illégalité» du processus d'organisation et d'annonce de la grève de ce syndicat, qui ne répond pas aux exigences de la législation en matière d'organisation des grèves et d'actions de protestation. Selon la ministre, 20 000 enseignants sont en grève depuis le 30 janvier sur les 450 000 que compte la corporation. Le même discours de fermeté est réservé à l'appel de l'Intersyndicale à la grève le 14, puis les 20 et 21 février. Les mêmes mesures disciplinaires seront réservées en cas d'infraction à la législation, «il s'agit d'assurer la continuité de la scolarisation de 9 millions d'élèves», menace Mme Benghabrit, tout en reconnaissant la difficulté de remédier aux déséquilibres du statut régissant la corporation, revendication principale de la grève de l'Intersyndicale. Cette dernière estime que «l'ère du chantage est révolue». «Si des syndicats dictaient leurs exigences en 2005, ils ne le feraient pas en 2018. Maintenant, il y a un ministère debout», ajoute Mme Benghabrit qui souhaite faire classer l'Education parmi les secteurs de souveraineté nationale.