Les rapports se suivent et se ressemblent. L'Algérie reste loin des standards internationaux en matière de respect des libertés. C'est ce que dénonce l'ONG Amnesty International dans son rapport 2017 sur la situation des droits de l'homme dans le monde. Rendu public jeudi dernier, le document a établi une longue liste des «atteintes aux droits des citoyens» enregistrées durant l'année précédente et celles d'avant : restriction sur les réunions, violation des libertés d'association, de culte, d'expression et «maltraitance des migrants». «En 2017, les autorités ont emprisonné arbitrairement des manifestants pacifiques, des défenseurs des droits humains, des militants et des journalistes. Les associations ont continué d'être confrontées à des restrictions injustifiées, et la législation limitant le droit de former des syndicats est restée en vigueur. Des membres de la minorité religieuse musulmane ahmadie ont été injustement poursuivis en justice. L'impunité pour les atteintes aux droits humains commises par le passé est restée la norme», affirme d'emblée l'ONG dans la partie de son rapport consacrée à l'Algérie. Ainsi, concernant les libertés d'expression et de réunion, l'organisation rappelle «les arrestations et les poursuites judiciaires engagées contre des militants pacifiques». «Des manifestants qui exprimaient leur solidarité avec des militants détenus ont également été incarcérés, de même que des journalistes et des blogueurs qui couvraient les manifestations sur les réseaux sociaux», note Amnesty, en citant les cas du blogueur Merzoug Touati et du journaliste Saïd Chitour, en prison depuis plusieurs mois. Dans la foulée, le rapport dénonce le maintien de l'interdiction de «toutes les manifestations à Alger, en application d'un décret de 2001». Liberté d'association bafouée L'ONG déplore aussi la situation imposée aux organisations de défense des droits de l'homme, dont Amnesty International Algérie, empêchées de tenir leurs assemblées générales de mise en conformité avec la loi sur les associations de 2012. A cela, selon le rapport, s'ajoute l'interdiction des conférences et des réunions publiques de ces organisations. «A la fin de l'année, le gouvernement n'avait toujours pas proposé de nouveau projet de loi respectueux de la liberté d'association, comme le prévoyaient pourtant les modifications apportées à la Constitution en 2016», souligne le rapport, qui dénonce aussi les pressions exercées sur les avocats et les défenseurs des droits de l'homme. Amnesty International évoque également «les procès inéquitables» des activistes de Ghardaïa, dont Kamel-Eddine Fekhar, Salah Abbouna et Khodir Sekkouti. S'agissant des libertés religieuses, le document cite les poursuites engagées contre 280 membres du mouvement ahmadi «en raison de leurs convictions ou pratiques religieuses». Amnesty revient aussi sur la violation du droit syndical illustré par le refus de reconnaître la Confédération générale autonome des travailleurs algériens (CGATA) et l'interdiction du syndicat autonome de Sonelgaz. Evoquant la question des migrants subsahariens, l'ONG affirme que «l'expulsion de 6500 migrants, en décembre dernier, s'est faite sur la base d'un profilage ethnique». Le rapport dénonce aussi «l'impunité» concernant les dépassements enregistrés durant les années 1990 et le classement, par la justice suisse, de l'affaire de l'ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar, accusé par des ONG de «crimes de guerre».