La colonisation constitue un obstacle dangereux à la réalisation d'une paix juste et globale. Les quatorze dirigeants arabes réunis depuis samedi ont exigé d'Israël un arrêt total de la colonisation avant toute reprise des négociations avec les Palestiniens. « La reprise des négociations requiert l'arrêt total des activités de colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est », ont-ils affirmé dans une résolution finale publiée au terme de leur sommet de deux jours à Syrte (Libye). Tout en appelant dans le même sens le président américain, Barack Obama, à respecter sa « position initiale clé » en faveur d'un arrêt des colonies israéliennes, ils ont estimé que « la colonisation constitue un obstacle dangereux à la réalisation d'une paix juste et globale ». Dans leur résolution, les présents au sommet de Syrte ont également souligné la nécessité de fixer « un calendrier précis pour ces négociations » en cas de reprise. Les dirigeants arabes ont aussi appelé le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Union européenne, Russie, ONU) à « ne pas accepter les prétextes israéliens en vue de poursuivre la colonisation et les agressions continues contre Jérusalem afin de la judaïser », lui demandant « de faire pression sur Israël pour un arrêt total de la colonisation ». N'ayant pas réussi à relancer les négociations de paix directes entre Israël et les Palestiniens, bloquées depuis plus d'un an, les Etats-Unis avaient réussi à arracher un accord des Palestiniens sur des pourparlers indirects sous l'égide de leur émissaire, George Mitchell. Mais le lancement de ces négociations dites de « proximité » a été torpillé par l'annonce d'Israël, le 9 mars, en pleine visite du vice-président, Joe Biden, à Jérusalem, de son feu vert pour la construction de 1600 nouveaux logements dans un quartier de colonisation à Jérusalem-Est. Cette annonce a d'ailleurs déclenché une grave crise diplomatique avec l'Administration Obama et provoqué l'ire des Palestiniens. Hier, juste avant la publication de la résolution finale du sommet arabe, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a accusé les Palestiniens de « durcir leurs positions », tout en se disant prêt à poursuivre les contacts avec les Etats-Unis pour favoriser une reprise du dialogue. Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a exclu, à l'ouverture du sommet, toute négociation indirecte sans un arrêt de la colonisation israélienne. Plusieurs responsables ont déclaré être convaincus que les négociations indirectes proposées par les Etats-Unis ne mèneront à rien. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a appelé, samedi, les dirigeants arabes à « discuter de la possibilité existante d'un échec total du processus de paix » israélo-palestinien. Ces discussions, a estimé M. Moussa, sont pourtant les dernières « sous la forme dans laquelle elles ont été menées au cours des deux dernières décennies ». M. Moussa a révélé que le comité de suivi de l'initiative de paix arabe, un plan de paix globale d'inspiration saoudienne, était « sur le point d'élaborer des plans alternatifs et des démarches pour faire face à l'éventualité d'un échec ». Ce comité avait donné, le 3 mars, son feu vert pour le lancement des négociations indirectes. Mais les Arabes sont « convaincus qu'elles sont inutiles en raison de la poursuite de l'intransigeance israélienne », a admis vendredi le président du comité de suivi, le Premier ministre qatari, Hamad Ben Jassem. Il est temps, a-t-il dit, que « la communauté internationale assume ses responsabilités », évoquant pour la première fois des sanctions internationales contre l'Etat hébreu. « Israël se comporte comme s'il avait une immunité, car jamais des sanctions internationales ne lui ont été imposées », a-t-il ajouté. En acceptant les négociations indirectes, « nous avons voulu donner une carte au médiateur américain et nous allons soutenir les efforts des médiateurs s'ils espèrent réussir. Mais ce soutien ne sera pas aux dépens de notre cause », a-t-il averti.