Un compromis a été trouvé par les différentes parties de la direction en vue de dépasser la crise. Mais la question est de savoir si ce deal résistera à l'épreuve du 20 avril. Tendu et houleux. Le Conseil national extraordinaire du FFS qui s'est tenu hier était partagé en deux camps frontalement opposés. Entre partisans de la tenue d'un congrès national extraordinaire et ceux opposés à cette échéance. Les militants du parti redoutaient la fracture. Dès l'ouverture des travaux à l'hôtel Riadh (côte ouest) sous la présidence de Mohand Amokran Cherifi, les divergences se sont exprimées et de manière vive. Difficile de concilier les deux parties. Le député de Boumerdès, Ali Laskri – qui par sa démission de l'instance présidentielle a créé un cas sans précédent dans l'histoire du parti – campe sur sa position. Il ne voulait rien céder. Soutenu par une partie du conseil national, notamment ceux de la fédération d'Alger, de Boumerdès et de Tizi Ouzou, il exige, conformément aux statuts du parti, de tenir un congrès extraordinaire, face à une autre partie du conseil qui craint une implosion du parti. Dès que le président de la session du conseil national a soumis à débat les deux options, c'est la cacophonie générale, tant les deux positions étaient inconciliables. Le climat s'électrise au sein du conseil national. Signe d'une profonde division au sein du parti sur le contrôle de l'appareil. Le bureau qui dirigeait les travaux du conseil national était contraint de suspendre les travaux d'abord pour éviter que la situation ne déborde et ensuite pour tenter de trouver un accord entre les deux camps. Le bureau du conseil se retire pour des conciliabules entre Ali Laskri et Aziz Bahloul et le comité d'éthique composé de Karim Bahloul, Mohamed Nebbou, Abdelmalek Bouchafa et Nacer Abdoun. Et pendant ce temps, certains cadres du parti répercutent sur les réseaux sociaux un message attribué à Jugurtha Aït Ahmed, fils du fondateur historique du FFS, dans lequel il affiche clairement son opposition à la tenue d'un congrès extraordinaire. Une tentative d'influencer le conseil national. Et au terme de longues tractations, le «conclave» improvisé pour dépasser le blocage, les protagonistes parviennent à un arrangement en coupant la poire en deux. Tenir un congrès extraordinaire le 20 avril prochain pour compléter la liste du présidium et Ali Laskri «reste» dans l'instance présidentielle, avec l'accord que chacune des deux parties opposées propose deux noms que le congrès extraordinaire adoptera le cas échéant. «Les statuts adoptés par le 5e congrès du parti et notamment son article 48, l'IP réduite à deux membres, requièrent l'organisation d'un congrès national extraordinaire pour élire une nouvelle instance présidentielle, avec une liste consensuelle de cinq membres comprenant les membres de l'instance présidentielle actuelle, habilitée à convoquer le congrès national ordinaire», précise le communiqué du conseil national extraordinaire. Un énoncé qui indique à tout le moins que le congrès extraordinaire s'annonce «fermé». La décision de proposer une seule liste dite «consensuelle» empiète sur les prérogatives du congrès qui demeure l'instance suprême et souveraine du parti. Cette option obtiendra-t-elle l'approbation de tous les congressistes ? Pour cela, il faudra d'abord aplanir les tensions nées des récentes secousses qu'a connues le Front des forces socialistes. En somme, c'est un compromis fragile auquel est parvenu l'appareil du parti. Une sortie par le haut, mais qui ne fait qu'ajourner la crise qui couve au parti, tant les conditions de son apparition restent en l'état. Mais d'évidence, et en raison de ses cycliques tensions internes, le FFS court encore une fois le risque de rater l'élection présidentielle d'avril 2019. Comme en 2014 où le parti a brillé par son silence inexpliqué, au premier trimestre de l'année prochaine le FFS sera occupé à «arranger» ses affaires internes pendant que le pays affrontera une élection présidentielle remplie d'incertitudes. En décidant de convoquer son congrès national ordinaire au cours du premier trimestre 2019, le FFS veut-il d'ores et déjà que la présidentielle ne figure pas dans son agenda ?