Les cancers en endocrinologie et les complications du diabète sucré étaient au centre des débats lors de la première journée de formation du CHU de Bab El Oued, organisée la semaine dernière par le service d'endocrinologie de l'hôpital à la Bibliothèque d'El Hamma à Alger. Cette journée qui s'inscrit dans le cadre de la formation continue a permis aux différents intervenants de revenir sur une pathologie qui prend sérieusement de l'ampleur en Algérie, à savoir le cancer de la thyroïde, classé actuellement le troisième chez la femme après les cancers du sein et du colorectal. Vu son incidence, explique le Pr Fedala, chef de service d'endocrinologie au Chu de Bab El Oued, ce cancer «va être dans quelques années le second cancer chez la femme, d'où la nécessité de sa prise en charge en améliorant le diagnostic afin d'assurer une meilleure prise en charge thérapeutique. Le nombre de cas a effectivement explosé, vu qu'il y a une prise de conscience et on constate une meilleure détection, notamment avec l'apport de l'échographie, la cyto-ponction et le dosage hormonale». Le Pr Fedala a précisé que «cette maladie nécessite une prise en charge pluridisciplinaire et spécifique, d'où l'intérêt d'une concertation au sein du comité thyroïde que nous avons activé au CHU de Bab El Oued. Ce qui permettra aux patients d'être mieux pris en charge et introduits dans un réseau de soins thérapeutiques complets au niveau de notre structure. Ce qui devrait être généralisé à toutes les pathologies difficiles.» Le Pr Semrouni, du service d'endocrinologie du Chu de Beni Messous, confirme une progression rapide des cas de cancer de la thyroïde et déplore l'insuffisance des moyens thérapeutiques, telle que la médecine nucléaire, à savoir l'ira thérapie (le traitement par l'iode), dont «les délais d'attente avoisinent les 6 mois à un an. Ce qui complique la prise en charge». Et de rappeler que le manque de réactif pour le dépistage du cancer médullaire de la thyroïde pose également problème. «On peut réduire l'incidence de ce cancer dont 10% est familial par le dépistage. Comme cela pourrait également éviter la maladie à de nombreuses personnes en agissant à titre préventif par la chirurgie», a-t-il indiqué. Au volet diabétologie, le Pr Ali El Mehdi Haddam, chef de service au Chu de Bab el Oued, signale que les motifs d'hospitalisation concernent les complications du diabète chez les deux tiers des patients. «Ce qui représente une prise en charge multidisciplinaire, mais qui malheureusement fait défaut, surtout lorsqu'il s'agit du pied diabétique, qui représente 25% des hospitalisations.» Il signale que le manque de chirurgiens experts pose une réelle difficulté pour la prise en charge et «le pied diabétique représente un sérieux problème de santé publique». «La difficulté est également rencontrée dans les services de réanimation qui veulent se débarrasser au plus vite des patients aux pieds diabétiques qui représentent une lourde charge pour eux», regrette-t-il tout en plaidant pour une politique de prévention contre les complications du diabète. «Ce qui peut réduire de moitié les amputations», a-t-il indiqué, avant de rappeler que la Société algérienne de diabétologie va lancer un programme de formation à la question du pied diabétique afin de sensibiliser les médecins généralistes et les spécialistes sur la conduite à tenir devant un «pied à risque».