«Certains se demandent ce qui me pousse à continuer en F1 après avoir déjà gagné quatre titres mais la réponse c'est que je remets tous les compteurs à zéro chaque année», affirme-t-il. Quoi qu'il en dise, le pilote Mercedes fait figure de grandissime favori à sa succession. Et il est évidemment désireux de tuer dans l'œuf toute velléité de résistance à son joug, qu'il s'agisse du quadruple champion du monde Sebastian Vettel (Ferrari), du jeune prodige néerlandais Max Verstappen (Red Bull), ou même de son équipier finlandais Valtteri Bottas. Comme son rival allemand, Hamilton compte deux succès à Melbourne (2008 et 2015). L'an passé, Vettel s'était imposé en Australie, donnant le ton d'une saison où la Scuderia a longtemps cru que son pilote parviendrait à conquérir un cinquième titre. «Ce qui s'est passé en 2017 importe peu à mes yeux car ce qui compte pour moi, c'est ce qu'il va arriver cette saison», assure Hamilton, devenu vegan l'an passé. Le Britannique de 33 ans dit s'interroger actuellement sur la suite à donner à sa carrière à l'horizon 2020. «Je pense qu'on a dépassé le pic de sa carrière quand il devient plus difficile d'atteindre le niveau requis de forme physique et que l'intérêt commence à décliner, mais je ne me sens absolument pas à ce stade», confie-t-il. 45 millions Hamilton n'a pas encore prolongé avec Mercedes alors que son contrat s'achève en fin d'année, mais c'est tout comme. Le seul suspense concerne sa future rémunération, qui devrait dépasser les 45 millions d'euros par saison. Pour celui qui reste sur quatre poles d'affilée à Melbourne, il est nécessaire d'entretenir l'incertitude sur les forces et faiblesses réelles de la concurrence. Ce flou donnera plus de valeur à un éventuel cinquième titre, qui en ferait l'égal au palmarès de l'Argentin Juan Manuel Fangio. «Nous sommes peut-être légèrement derrière ou devant Red Bull, mais ils vont apporter des améliorations ce week-end, donc cela va être serré», assure l'ancien pilote de McLaren, très peu disert en conférence de presse hier. Son patron, l'Autrichien Toto Wolff, a renchéri en expliquant s'attendre à «une bagarre à trois passionnante» entre Mercedes, Ferrari et Red Bull. Reste que depuis 2014, seul l'Allemand Nico Rosberg a tenu tête à Hamilton tout le long d'une saison, grâce surtout à une meilleure fiabilité, et alors qu'il disposait de la même voiture. Avant les premiers tours de roue aujourd'hui lors des essais libres, le Barnum de la F1 se prend néanmoins à rêver fugitivement que l'implacable domination de Mercedes dans l'ère du V6 hybride cesse. A défaut, la catégorie reine du sport automobile devra peut-être se contenter d'une redistribution des cartes plus modeste. La neige à Barcelone lors des essais de pré-saison a en effet bousculé un certain nombre de programmes de développement parmi les dix équipes du paddock. L'hymne Un grand nombre d'entre elles compte sur l'introduction de dispositifs aérodynamiques pas entièrement testés pour tirer leur épingle du jeu, au risque de se fourvoyer. Pour apporter du piquant, la pluie devrait s'inviter au rendez-vous de cette première course disputée avec le «halo»: les qualifications de samedi seront très certainement humides et cela pourrait également être le cas de la course dimanche. Les nouveaux pneumatiques Pirelli joueront un rôle encore plus crucial que d'habitude. D'autant que les changements de température soudains de l'automne austral pourraient avoir des conséquences inattendues sur un revêtement du reste assez bosselé. Confrontée aux reproches nourris des fans sur le manque de spectacle en course, la FIA a de son côté ajouté une troisième zone de DRS où les pilotes peuvent activer leur aileron arrière, afin de tenter de provoquer plus de dépassements. Il s'agit de la première fois depuis son intronisation en 2011 que trois zones de DRS sont installées sur un circuit. Autre première, un hymne officiel de la F1 va être joué ce week-end. L'Américain Brian Tyler, son auteur, a également composé la bande originale de plusieurs épisodes de la saga hollywoodienne «Fast and Furious». Rapide et furieux, soit exactement ce que Liberty Media, la FIA et les spectateurs espèrent voir sur la piste pour la saison à venir, n'en déplaise à Hamilton.