Après une première opération d'exportation, effectuée par Lafarge Algérie, en décembre 2017 vers la Gambie, le groupe privé El Hamel vient, à son tour, d'expédier vers le Niger quelque 950 tonnes de ciment gris à partir de sa cimenterie d'Aoulef, à Adrar. Selon le ministère de l'Industrie et des Mines, qui en a fait l'annonce, les opérations d'exportation de cette société, entrée en production en décembre 2017, «se poursuivront de manière régulière dans le futur avec des quantités encore plus importantes». D'une capacité de 1,5 million de tonnes par an, la cimenterie d'Aoulef prévoit de consacrer une grande partie de sa production à l'exportation, pour atteindre environ un million de tonnes par an dans un futur proche. Il faut dire que l'arrivée massive des investissements dans le secteur de l'industrie cimentière en Algérie et la surproduction, entamée depuis 2017, a amené les pouvoirs publics à prendre toutes les mesures nécessaires à même d'encourager les opérateurs, publics et privés du secteur, à aller à la conquête des marchés internationaux, notamment ceux de l'Afrique. De l'avis des experts de l'industrie cimentière, «l'intervention de l'Etat algérien a été très efficace, dans la mesure où elle a fait passer le pays d'un statut d'importateur à celui d'exportateur, sachant que l'Algérie enregistre actuellement une surcapacité oscillant entre 23 et 24 millions de tonnes par an». L'Algérie est ainsi passée de grand importateur de ciment à un pays exportateur, grâce à l'émergence d'une véritable industrie cimentière, avec une production qui a dépassé les 25 millions de tonnes/an. Cette production est appelée à augmenter davantage pour atteindre les 40 millions de tonnes/an à l'horizon 2040, soit un excédent de 20 millions de tonnes/an. Il reste à savoir si le recours à l'exportation du ciment algérien peut effectivement absorber le surplus de production. Selon les experts, le seul marché capturable pour l'Algérie est celui de l'Afrique de l'Ouest, évalué à 15 millions de tonnes. Ce marché, bien que très demandeur, ne pourra pas à lui seul absorber tout le surplus de production, «ce qui risque de provoquer l'arrêt de plusieurs usines et le déclenchement d'une guerre des prix sur le marché national», estiment encore certains experts. Et de préciser que l'exportation du ciment algérien ne peut pas se faire sans la mobilisation et l'intervention des pouvoirs publics, notamment en matière de facilitation à l'export et de disponibilité de logistique. «Les infrastructures portuaires adaptées ne sont pas disponibles et toutes les cimenteries sont loin des ports, ce qui engendre des coûts logistiques supplémentaires, comme c'est le cas au port d'Oran», avait indiqué récemment un responsable de Lafarge Algérie.