Poursuivi par le puissant Mahieddine Tahkout, il a exigé la présence de ce dernier à l'audience, et le tribunal a accepté sa demande, avant de renvoyer l'affaire au 24 avril prochain. Le 17 du même mois, le Commandant Azeddine comparaîtra pour un autre chèque de 1,2 milliard de dinars que lui réclame le même homme d'affaires. L'ancien membre de l'état-major de l'ALN, le Commandant Azzedine Zerari, a comparu hier devant le tribunal de Chéraga, pour une affaire d'émission de chèque sans provision, d'un montant de 335 millions de dinars (33,5 milliards de centimes) libellé au nom du richissime homme d'affaires Mahieddine Tahkout. Dès l'ouverture de l'audience, le Commandant Azeddine, et son avocat, Me Bergheul, étaient déjà dans la salle d'audience que préside une jeune juge. Après une longue attente, le prévenu est appelé à la barre. D'emblée, Me Bergheul demande à la présidente la présence du plaignant Mahieddine Tahkout en expliquant : «Nous sommes là pour un chèque d'une somme astronomique. Nous voulons que ce soit Tahkout qui explique au tribunal les circonstances de cette affaire. Sa présence est pour nous très importante.» La juge ne semble pas s'opposer à la demande de l'avocat. «Dites à votre mandant, s'il le veut, bien sûr, venir à la prochaine audience, prévue le 24 avril», lance la présidente à la défense de Mahieddine Tahkout. C'est la seconde fois que le Commandant Azeddine comparaît devant le tribunal pour émission de chèque sans provision. Le premier procès a été renvoyé au 17 avril prochain, à la demande de son avocat, et concerne un montant de 1,2 milliard de dinars (120 milliards de centimes). «Vous remarquez que les deux affaires sont des citations directes, c'est-à-dire sans passer par une instruction, enclenchées par Mahieddine Tahkout, au mois de février dernier, alors que ces chèques, aux montants fantaisistes, étaient en sa possession depuis plus d'une année…», déclare Me Bergheul. Celui-ci se montre formel. «Entre le plaignant et mon mandant, il n'y a qu'une somme de 150 millions de dinars (15 milliards de centimes), un prêt qu'il lui a avancé en présence d'un témoin, et dont le délai de remboursement n'était pas défini, mais qui devait avoir lieu dès l'acquisition d'un immeuble, qui malheureusement n'a pas abouti.» L'avocat s'est interrogé sur les «motivations» du plaignant à «travers le recours à une citation directe, c'est-à-dire sans passer par une instruction judiciaire, et à deux tribunaux». Pour lui, «il est même probable que d'autres procès de ce type arrivent en cascade dans les jours à venir, alors que la plainte pour escroquerie déposée contre Tahkout n'est toujours pas enrôlée.» Il est important de rappeler que Tahkout avait actionné le tribunal de Bir Mourad Raïs, près la cour d'Alger, et de Chéraga, qui dépend de Tipasa, pour réclamer ce qu'il estime être «des sommes prêtées» au Commandant Azeddine, pour l'aider à rembourser les nombreux créanciers qui l'avaient poursuivi en justice pour «escroquerie». La restitution de ce montant devait s'effectuer après la vente d'un bien, un immeuble de plusieurs étages, situé à Alger. Or, le transfert de propriété de ce bien, qu'il gérait depuis des décennies, n'a pas été fait en raison de l'opposition des services des domaines, dont il dépend. Le Commandant Azeddine voit dans ce refus et dans les plaintes de Tahkout pour des chèques sans provision d'un montant qui avoisinerait les 2 milliards de dinars, «un complot» contre sa personne. Il rejette toutes les accusations portées à son encontre en affirmant n'avoir jamais vu les objets des plaintes. La comparution du Commandant Azeddine devant les deux tribunaux est très attendue, autant par ceux qui lui doivent des sommes importantes, que par lui et ceux qui ont connu son parcours durant la Guerre de Libération nationale.