Le département de Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, poursuit, depuis 2008, sa politique engagée, dans toutes les filières, autour d'un consensus national tendant à garantir la sécurité alimentaire, gage de souveraineté nationale. La transformation du lait et dérivés, qui dépend à plus de 90 % des importations de lait en poudre, devrait connaître nous dit-on, un changement radical s'appuyant sur le lait cru collecté par la filière. Pour ce faire, un duo, composé d'un vétérinaire et d'un zootechnicien, sera installé aux frais du ministère de l'Agriculture au niveau de chaque transformateur (usine à lait), public et privé. Ils auront la lourde tâche d'inciter les patrons à abandonner progressivement la poudre de lait pour le lait cru. Ce sont, en substance, les explications données par Abdelhamid Soukehal, président du conseil d'administration de l'office national interprofessionnel du lait (ONIL) lors de sa communication introductive destinée justement à ces duos venus des wilayas de l'Est du pays pour un programme de formation de 3 jours à l'institut de technologie moyen agricole spécialisé (ITMAS) de Guelma, qui a débuté le 29 du mois en cours. A ce sujet, il déclare : « Il existe à travers le territoire national 125 laiteries dont 14 à 15 sont publiques. Nous allons expliquer aux duos de par cette formation la politique laitière et le rôle des pouvoirs publics en matière d'appui technique et financier pour le développement de la production laitière et la régulation du marché du lait. » Notons également que le programme de cette formation comporte des communications qui seront données par d'autres intervenants, comme la direction des services vétérinaires, ayant trait à la réglementation générale sanitaire du ministère du Commerce, notamment celle des prix, des marges et missions des services de la répression des fraudes dans la commercialisation des produits laitiers. Mais dans tout cela, il y a la réalité du terrain : catastrophique à un point de non-retour ! Les filières lait sont truffées de tares, car rompues aux pratiques frauduleuses touchant souvent la santé du consommateur. En clair, de l'éleveur, en passant par le collecteur, et jusqu'au transformateur, le lait cru ne finit toujours pas en camembert ou en sachets de lait pasteurisé. Il prend la direction des crémiers, et c'est une pratique frauduleuse grave au regard de la loi. Une hémorragie qui a fini par tuer cette même filière à la faveur de l'importation du lait en poudre. Une association exclue Par ailleurs, le plus important et indissociable partenaire de la filière lait, en l'occurrence l'association Bovin Laitier Moderne (BLM) de la wilaya, qui a vu le jour en 1990, représenté par son président Hacène Mahboubi, n'a pas été convié au débat de ce regroupement ni même averti de cette formation, d'autant qu'une visite est programmée à la non moins négligeable laiterie Benifoughel, unique dans la wilaya. En réaction, Hacène Mahboubi, que nous avons rencontré, déclare : « Je ne comprends pas cette attitude. Je vous confirme également que la Chambre d'agriculture de Guelma n'est pas informée de cette formation assortie de débats. Nous connaissons mieux que quiconque le terrain. » Néanmoins, nous saurons de la bouche de ce président, qu'à Guelma, il existe quelque 200 éleveurs de bovins, dont 50 sont reconnus par l'association, disposant de 2 000 vaches laitières modernes dont 1 200 sont identifiées. Organisés en filières laitières, les éleveurs pourvoient en lait cru onze collecteurs agréés. Ils livrent le produit au transformateur Benifoughel. Quoi qu'il en soit, beaucoup de questions restent en suspens, et auxquelles devra répondre le DSA de Guelma. Qu'en est-il des plans de cultures pour le vert fourrager ? Des certificats sanitaires pour l'ensemble du cheptel et son identification (boucles) ? Du programme national d'insémination artificielle des génisses et de la création de pépinières ? Du programme de dépistage des maladies, élevage extensif compris ? Au regard des vaches cachectiques, ne produisant que des giclées de lait souvent marmiteux, s'accordent à dire les professionnels exclus du secteur, beaucoup, ou tout reste à faire.