Des dispositifs d'aides multiples sont mis en place au profit des producteurs. La hausse des importations effectuées en 2008 et qui ont atteint près de 8 milliards de dollars, est à 80% due à l'effet des prix sur les marchés internationaux. Le reste est le fait des quantités supplémentaires importées. Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, reconnaît que cette situation est “inquiétante”. Le règlement de cet épineux problème figure d'ailleurs, parmi les objectifs tracés dans le cadre de la politique que le ministère est en train de mettre en œuvre. Des dispositifs multiples sont mis en place dans ce sens. L'idée en fait, c'est de réduire au maximum la facture des importations, notamment pour les filières, objets de spéculations stratégiques, à savoir les céréales, les huiles, le lait… Pour cela, le ministre, invité jeudi de l'émission “Evénement à la une”, de la radio Chaîne III, estime qu'il faut d'abord importer utile, c'est-à-dire ce dont le pays a besoin. Et comme ces importations sont l'œuvre des opérateurs, la tutelle demandera à ces derniers de s'intéresser davantage à la production nationale, en les accompagnant. Il sera suggéré aux producteurs, souligne Rachid Benaïssa, des avantages intéressants s'ils assurent la production. Ceux qui produisent du lait, par exemple, l'Etat leur proposera un prix négocié. Ainsi, libre à eux de négocier leurs prix avec leurs partenaires que sont les laiteries. Et l'Etat interviendra en injectant 12 DA pour chaque litre entré à la laiterie au lieu des 7 DA d'avant. Un ensemble de primes est de ce fait prévu au profit de tous les acteurs intervenant dans les différentes filières. À cela, il y a lieu d'ajouter le soutien technique et la formation. Autant d'actions, explique le ministre, qui seront menées pour rendre attractifs et l'élevage et la transformation du lait au plan national. Interrogé sur l'opération du crédit Rfig à 0% d'intérêt, le ministre indique que ça commence à apporter des résultats satisfaisants pour les agriculteurs faisant partie des coopératives des céréales qui en ont bénéficié et ont lancé leur campagne. Les prêts accordés sont d'une valeur qui avoisine les 3 milliards de DA. Les difficultés sont enregistrées, en revanche, pour les filières qui souffrent d'un manque d'organisation. Celle-ci est, selon M. Benaïssa, en train d'être montée. Cela étant, pour les opérateurs qui présentent des garanties, le problème ne se pose pas. Pour les autres, affirme le ministre, ils n'ont qu'à s'organiser en coopératives à l'instar des céréaliculteurs. Les demandeurs de ce prêt évoquent en effet la contrainte de leur affiliation à la Casnos, condition exigée au préalable par la banque conformément à la loi. Le ministre annonce que cette difficulté a été levée puisque le gouvernement a demandé à la banque de ne pas exiger cette condition pour l'année en cours. Concernant l'autre écueil soulevé par les agriculteurs postulant pour ce crédit, à savoir, les garanties ou hypothèques, M. Benaïssa suggère la solution des cautions solidaires qui peuvent passer par les coopératives. Sur un autre registre, le Dr Benaïssa met l'accent sur les atouts que présentent les contrats de performances signés avec les wilayas. Il parle de transparence car l'on sait désormais ce qui a été fait dans chaque wilaya depuis 8 ans, sa production, ses produits phares, ses objectifs et ses capacités. La deuxième qualité a trait à la mobilisation de tous les acteurs autour de ces objectifs. Et cette démarche sera ensuite évaluée tous les trois mois. Quant aux fonds de l'Etat, ils seront libérés, relève le ministre, suivant les résultats obtenus par chaque wilaya. “Notre but, c'est de sensibiliser toutes les consciences autour du fait que la sécurité alimentaire est une question de souveraineté”, insiste Rachid Benaïssa. Cela se traduit par des actions fortes mettant ainsi les opérateurs dans des conditions meilleures, en termes de prix, par rapport au marché international. Pour les céréales, pour ne citer que cet exemple, l'Etat va payer 4 500 DA/quintal le blé dur, 3 500 DA/quintal le blé tendre et 2 500 DA/quintal l'orge. “Ce sont des prix plus élevés que ceux pratiqués sur le marché international”, précise le Dr Benaïssa. Badreddine KHRIS