La grève nationale initiée par le Conseil national du secteur des communes (CNSC), activant sous la houlette du Snapap, a été différemment suivie à travers les villes du pays. Les animateurs de ce mouvement de protestation parlent d'un taux de suivi dépassant les 60%. Ali Yahia, porte-parole du CNSC, est persuadé que ce pourcentage sera revu à la hausse aujourd'hui, au deuxième jour du débrayage. Si dans la capitale le taux de suivi était relativement faible pour de multiples raisons ; à Béjaïa, l'ensemble des communes était hier complètement paralysé avec un taux de suivi à hauteur de 100%. A Annaba, le taux était de 95%, alors qu'à Tizi Ouzou et Tlemcen, il a atteint les 70%. Oran a enregistré, selon le CNSC, 50% de suivi et Chlef 30%. « A travers notre action de débrayage de deux jours, nous avons ciblé un double objectif, d'une part, afficher notre mécontentement quant à notre situation socioprofessionnelle et de l'autre, sensibiliser le personnel des communes sur l'existence d'une organisation syndicale apte à défendre les revendications des travailleurs et agents du secteur », a soutenu un membre du conseil. Hier, lors de notre virée dans certaines communes à Alger, nous avons effectivement constaté qu'une grande partie de fonctionnaires de certaines administrations, notamment les simples agents, ignoraient l'existence même du syndicat du secteur des communaux. « Nous avons énormément de problèmes. Nous sommes surtout très mal rémunérés. Avec 7000 DA ou 10 000 DA comment peut-on subvenir aux besoins de nos familles ? Nous avons eu vent dans les couloirs de l'APC de l'organisation d'une grève, mais nous avons cru que ce n'était qu'une rumeur », a révélé un agent exerçant dans une commune d'Alger-Centre. Selon Ali Yahia, la grève au niveau de la capitale et ses environs a été beaucoup plus suivie dans les communes de Réghaïa, Rouiba, Baba Hassan et Bab El Oued. « Nous sommes des jeunes recrutés dans le cadre du filet social et du préemploi. Nous touchons un salaire de misère, mais nous n'avons pas le choix. Je suis universitaire. Je suis resté au chômage pendant deux ans. J'étais dans l'obligation d'accepter ce travail dans l'espoir de trouver mieux », a souligné un préposé au guichet dans une commune à Alger. Ce dernier est bel et bien au courant de ce mouvement de protestation, mais la nature de son poste ne lui permet pas d'adhérer à une telle action. Son collègue, pourtant agent permanent, n'a pas également adhéré au mot d'ordre de grève. « Les travailleurs ont subi une pression et des menaces de la part de l'administration. Ils nous ont menacés de licenciement et de ponction sur salaires si l'on adhère à la grève. Etant donné que la plupart des fonctionnaires ne connaissent pas leurs droits en matière de grève et de liberté syndicale, ils ont peur des représailles », a révélé un fonctionnaire. « Il était pratiquement impossible d'abandonner son poste, car des délégations du ministère de l'Intérieur, de la Gendarmerie nationale, de la wilaya ont fait des tournées au niveau des communes pour sensibiliser les travailleurs sur le passeport biométrique... », fera remarquer un fonctionnaire, qui qualifie de légitime l'attitude de certains travailleurs. « Lorsqu'un père de famille, touchant à peine 15 000 DA, est menacé de révocation, il ne peut que tourner le dos au mouvement de débrayage », a fulminé un agent qui pense que les pouvoirs publics doivent comprendre que l'amélioration des prestations de services au niveau des communes est liée à l'amélioration en premier lieu des conditions de travail des employés de ces administrations. Le syndicat a en outre dénoncé et déploré le recours à l'intimidation, la répression, pour casser un mouvement pacifique et d'empêcher par là même les travailleurs d'exercer le droit de grève. Pour Ali Yahia, leur mouvement de grève de deux jours est une première action d'une série programmée pour le futur. Rappelons que le syndicat revendique la promulgation du projet de statut particulier des communaux et le régime indemnitaire, la révision de la classification catégorielle des communaux, la revalorisation et l'attribution d'autres primes et indemnités pour les travailleurs communaux et des corps communs, la revalorisation et l'actualisation de la prime de rendement et le maintien de la retraite sans condition d'âge.