Première action du genre dans l'histoire de l'Algérie, le mouvement de grève initié par le Conseil national du secteur des communes, organisation affiliée au Snapap, a connu, selon ses animateurs, un succès inattendu. Hier, au deuxième jour de ce débrayage de deux jours, le taux de suivi a enregistré une légère amélioration par rapport au premier jour. Plusieurs communes ont rejoint la protestation ramenant ainsi le taux de suivi à plus de 75% alors que la veille, il était de l'ordre de 60%. M. Ali Yahia, porte-parole du syndicat, a rappelé hier, lors d'une conférence de presse animée à la Maison des syndicats que le personnel des communes n'a jamais eu recours à un mouvement de débrayage. Il s'agit là d'une première. Jamais un syndicat n'a osé bloquer les communes pour revendiquer un droit de regard sur leurs conditions de travail », a-t-il tonné. « Nous sommes satisfaits du résultat car en dépit des intimidations et des menaces des pouvoirs publics, les travailleurs et fonctionnaires des communes ont adhéré pleinement au mot d'ordre de grève », a lâché le conférencier qui estime qu'aujourd'hui les travailleurs des APC, de manière générale, ont brisé le silence et ont bravé l'interdit pour crier leur ras-le-bol quant à leurs conditions de travail, et leur situation socioprofessionnelle qui est des plus catastrophiques. « Lors de notre tournée sur le terrain, nous avons compris qu'il y a une prise de conscience des travailleurs, leur lucidité et leur rejet de la hogra les ont poussés aujourd'hui à réfléchir sérieusement quant à la constitution d'un comité de travailleurs au sein de chaque entreprise », a révélé M. Ali Yahia. La peur de la révocation Ce dernier n'a pas nié que beaucoup de travailleurs et agents des communes ignorent même l'existence d'un syndicat représentant le secteur des communes. Ils ne sont de ce fait ni affiliés ni structurés dans un collectif auprès duquel ils peuvent faire part de leurs doléances. « Suite à ce débrayage, les travailleurs ont exprimé leur souhait de faire partie du syndicat. Ceci nous réjouit doublement : d'un côté, cela nous permet de renforcer notre existence sur le terrain et de l'autre, cette nouvelle donne va permettre aux travailleurs d'avoir entre leurs mains des instruments et outils pour se défendre », fera remarquer le conférencier. Toutefois, malgré la non-adhésion de certaines communes à ce mouvement de grève, les représentants du Conseil national du secteur des communes ont affiché un satisfecit et parlent d'une réussite totale. Pour eux, il n'est pas facile d'observer un débrayage dans un contexte où le champ syndical est verrouillé, où toutes les grèves sont réprimées et leurs initiateurs menacés de ponction sur salaire et de révocation. « Les travailleurs des communes n'ont jamais eu recours à un mouvement de débrayage. Notre grève intervient au lendemain de la répression qui s'est abattue sur les praticiens de la santé et les enseignants. Cet état de fait n'a pas empêché le personnel des communes d'adhérer à la grève », a soutenu Ali Yahia qui a tenu à saluer le courage des travailleurs et leur acharnement pour la préservation du droit syndical. Les agents communaux, selon le porte-parole du syndicat, ont compris qu'en 2010, ils n'ont pas besoin d'une autorisation du maire pour adhérer à un syndicat. Par ailleurs, l'adhésion à cette action de protestation va motiver le conseil à aller de l'avant. Dans ce sillage, il envisage de commencer d'ores et déjà à s'organiser pour la réussite de la prochaine action de trois jours prévue pour ce mois-ci. Les membres du syndicat se réuniront ce week-end pour arrêter la date de ce nouveau débrayage. « Les pouvoirs publics ont tourné le dos à nos revendications, ils ont joué la carte de l'intimidation à la place de la négociation », a déploré M. Ali Yahia. Il est en outre utile de rappeler les revendications du personnel des communes. Des revendications, somme toute, légitimes puisqu'elles concernent l'amélioration de leur vécu. En plus de la promulgation du projet de statut particulier des communaux et le régime indemnitaire, le syndicat du secteur des communes demande la révision de la classification catégorielle des communaux, la revalorisation et l'attribution d'autres primes et indemnités pour les travailleurs communaux et des corps communs, la revalorisation et l'actualisation de la prime de rendement et le maintien de la retraite sans condition d'âge. Les représentants des travailleurs demandent aussi la revalorisation du point indiciaire afin de garantir un salaire de base digne en harmonie avec le coût de la vie.