Ces derniers jours, cette ONG pointe du doigt deux pays arabes pour leur manquement au respect des droits de l'homme. En ligne de mire : l'Egypte et la Tunisie. La dernière initiative date d'hier. Mis à l'index de l'Egypte et son comportement vis-à-vis de ces immigrés clandestins. Human Rights Watch (HRW) a durement critiqué, dans un communiqué, la politique de l'Egypte envers les réfugiés et migrants, dont trois ont été abattus à la frontière avec Israël en trois jours. « Les gardes égyptiens ont fait de la frontière dans le Sinaï une zone de mort pour les migrants essayant de fuir le pays », affirme Sarah Leah Whitson, responsable de la section Afrique du Nord/Moyen-Orient à HRW, reprochant à l'Egypte de ne pas avoir « enquêté sur un seul cas » de migrant abattu. Les gardes-frontières ouvrent régulièrement le feu sur ces migrants, à une écrasante majorité originaires d'Afrique subsaharienne, qui disent vouloir se rendre en Israël pour échapper à la pauvreté et au racisme et procéder à la recherche d'un travail. Douze d'entre eux ont été tués depuis le début de l'année, dont trois Erythréens entre les 27 et 29 mars. « Le gouvernement égyptien doit, aux termes du droit international, garantir une enquête indépendante et publique sur les circonstances de chaque tir mortel sur des migrants pour prouver qu'il était inévitable », selon HRW, qui estime que « les responsables, y compris ceux qui ont donné l'ordre, devraient être jugés ». L'organisation basée à New York a également fustigé la politique égyptienne envers les réfugiés, l'accusant de violer ses engagements internationaux. Ceux « à qui le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a accordé une reconnaissance officielle en tant que réfugiés devraient être protégés de l'expulsion vers les pays où ils risquent d'être persécutés. Mais en Egypte, les réfugiés restent vulnérables à l'expulsion bien qu'ils soient porteurs de documents du HCR », selon HRW. Harcèlement en Tunisie Le pays des pharaons n'est pas le seul à faire les frais des enquêtes de l'ONG. La semaine dernière, c'est le régime tunisien du président Ben Ali qui était épinglé. Dans son rapport intitulé « Une prison plus vaste », qui s'appuie sur le témoignage de 33 anciens détenus libérés de 1997 à 2009, identifiés sur des photos, HRW dénonce la situation dans laquelle ils se trouvent : « Une surveillance et un harcèlement policier constants, des ordres oraux de la police les confinant dans leur région d'origine, la privation arbitraire de passeports, les pointages exigés aux postes de police qui perturbent la vie quotidienne et les pressions, semble-t-il, exercées sur les employeurs pour qu'ils n'embauchent pas ces ex-prisonniers. » Ces derniers et leur famille sont ainsi « réduits à la pauvreté », assure l'organisation. Plusieurs ont déclaré avoir été très souvent suivis dans leur déplacement, voire empêchés de rencontrer de tierces personnes. Sur les trente-trois ex-prisonniers, vingt-six ont reçu des « peines complémentaires » prévues par la loi, qui les obligent à se soumettre à des contrôles administratifs. La plupart d'entre eux sont soupçonnés d'avoir des sympathies islamistes ou d'avoir été membres du parti An Nahda, créé en 1988, jamais reconnu légalement, mais toléré jusqu'en 1990. « Durant leur séjour en Tunisie, les deux chercheurs de HRW ont été parfois sous la surveillance visible d'hommes en civil qui étaient incontestablement des agents de sécurité, souligne également le rapport. Cette surveillance était particulièrement étroite à Sfax, où les policiers en civil ont ouvertement suivi les chercheurs de près à pied et en voiture où qu'ils aillent. » Les autorités tunisiennes ont réagi en dénonçant « une série de mensonges et d'allégations fabriquées visant à induire en erreur l'opinion publique sur les droits de l'homme en Tunisie ».