34 éditeurs, plus de 600 titres, une quarantaine d'auteurs, l'Algérie s'est offert un nouveau stand et une meilleure visibilité. 2010, un bon cru ? Plus lumineux, plus spacieux, plus esthétique que les dernières années, quand il était confiné derrière l'Espace Tunisie et caché au public par la cafétéria, le stand Algérie est enfin digne. Les animateurs ne cachent pas leur fierté. « Nous avons un très beau stand, de belle conception. Il est très bien situé, un lieu de passage stratégique. C'est un grand espace ouvert. On a évité l'expérience des années précédentes avec des petits espaces fragmentés », se réjouit Mohamed Iguerb, directeur de la distribution à l'Enag. Le ministère de la Culture a vu les choses en grand, avec pour ambition de montrer une autre Algérie. Comme partout dans le monde, l'édition subit la crise de plein fouet. Les éditeurs algériens font face à des difficultés supplémentaires, inhérentes au secteur du livre, pouvoir d'achat, prix du livre… « Il y a plus de 200 éditeurs en Algérie. Economiquement, seuls 30 à 35 sont viables et assument totalement le statut d'éditeur. Le ministère de la Culture a invité 34 éditeurs à Paris pour faire connaître leurs publications. Ce Salon demeure incontournable, même si le contexte français est assez difficile avec la chute des ventes dans les librairies et la présence timide de Hachette », explique Youcef Benmehidi, chef de département livre et documentation à l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) qui a supervisé la conception du stand. Et c'est l'Enag qui a regroupé ces éditeurs et acheminé 630 titres au total. Le trio gagnant ne change pas : histoire, littérature et beaux-livres. Et cette année, Hamid Grine, Tassadit Yacine et Abdelkader Bendaâmache sont les auteurs qui tirent la locomotive. « La grande nouveauté est l'engagement du ministère de la Culture qui a pris en charge le stand ainsi que l'acheminement des ouvrage, les deux points les plus lourds financièrement pour les éditeurs. En les en déchargeant, l'Etat leur donne un fameux coup de pouce », souligne Mohamed Iguerb. Pour les séances dédicaces, 41 auteurs algériens se sont succédés au stand. Un record. Le Salon du Livre de Paris, boudé par des poids lourds de l'édition, a accusé pour son 30e anniversaire une baisse de sa fréquentation, en attendant un renouveau réclamé par la profession. « Nous avons enregistré cette année une baisse de fréquentation de 8%, avec environ 190.000 entrées, contre 204.000 en 2009, mais il faut noter un record de participation du grand public aux séances de dédicaces et débats avec les auteurs, qui seront reconduits l'an prochain. Le Salon va évoluer, on ne peut pas rester sur une tendance baissière », souligne Serge Eyrolles, président du Syndicat national de l'édition. La polémique sur le prochain Salon semble s'être éteinte. Hachette Livre (Lagardère), numéro un de l'édition française et deuxième mondial - qui a vendu par exemple plus de 4,6 millions d'exemplaires de la saga Twilight en France, et 100 millions dans le monde -, a divisé par neuf la superficie de son stand. Il n'a conservé qu'une présence symbolique de 100 m2 dédiée à l'international et à un éditeur de mangas, Pika. Bandes dessinées et mangas, dont la France représente le 2e marché après le Japon, ont été parmi les stands les plus visités. « Le Salon se tiendra toujours Porte de Versailles en 2011. Ce sera du 18 au 23 mars, avec pour invités les pays nordiques » a précisé son commissaire Bertrand Morisset. A l'heure du bilan, les petits éditeurs ne cachent pas leur satisfaction, tandis que les poids-lourds nuancent leurs positions. « Le Salon reste positif, même si les ventes sont inférieures à celles de l'an dernier », note Antoine Gallimard. Position partagée par Hervé de La Martinière : « Il faudra que le prochain Salon soit plus vivant, plus interactif. Dans ces conditions, nous reviendrons ». L'Algérie gardera-t-elle son nouveau stand ?