«Notre mission et de trouver le corps de Mohamed.» Ce sont les propos de Redha, un pompier appartenant à l'unité principale d'intervention de la Protection civile du chef-lieu de la wilaya de Bouira, en tentant de cacher ses larmes. Ce dernier raconte les derniers moments passés avec la victime : «Il voulait prendre un congé et il était très attaché à son travail.» Une semaine est passée depuis que les opérations ont été lancées et aucune trace du corps de Mohamed n'a été trouvée. Néanmoins, le moral des agents de la Protection civile reste intact et la forte mobilisation renseigne sur leur engagement, jusque-là irréprochables en matière d'intervention. Mobilisés dans le cadre des opérations de recherches engagées, depuis une semaine, après que l'alerte a été donnée, faisant état de la disparition d'un pompier, Mohamed Achour, 27 ans, aspiré par les eaux pluviales au niveau de la cité des 250 logements de la ville de Bouira, plus de 900 agents et des centaines de citoyens venus des localités de la wilaya mais aussi des autres régions du pays, sont sur le terrain. Plusieurs versions ont été données et relayées quant aux circonstances de la disparition de l'agent de l'unité d'intervention de la Protection civile. Des amis de la victime ont tous confirmé qu'il a été «aspiré» dans une importante canalisation d'eaux pluviales. «Mohamed a glissé dans un regard ouvert et sans protection», a avoué un pompier sous couvert de l'anonymat. A la cellule de crise mise en place sur instruction du wali, Limani Mustapha, l'objectif est de retrouver le corps. «On a failli perdre deux autres agents au moment de l'incident, si ce n'était l'intervention des agents et de citoyens qui étaient sur place», a-t-on indiqué. Néanmoins, la rapidité de l'intervention des pompiers et surtout des agents de l'Office national d'assainissement (ONA) pose problème. Il aurait fallu plus d'une heure pour que les opérations de recherches soient entamées. Les plans de la grande conduite de canalisations des eaux n'ont pas été remis à temps pour faciliter la tâche aux secouristes de prendre les mesures nécessaires au localiser le corps de leurs collègues. La responsabilité de certains responsables est engagée, sinon comment expliquer que la conduite d'évacuation des eaux pluviales et usées n'a jamais connu d'opération d'entretien. «Nous avons trouvé toutes sortes d'obstacles, des pneus, des troncs d'arbre, des pierres et autres», a révélé un plongeur de la Protection civile. Les propos de l'agent ne choquent personne puisqu'en longeant le déversoir des eaux usées dans l'oued Hous vers le barrage TiIesdit, la quantité des déchets jetés et provenant notamment des chantiers renseigne sur la défaillance des autorités censées veiller sur la préservation de ces espaces. «Nous avons mobilisé des engins pour débarrasser ces endroits de ces déchets pour permettre et surtout faciliter le travail à nos équipes et aux citoyens volontaires pour les opérations de recherches», a indiqué un officier de la Protection civile, en ajoutant qu'une brigade canine a été aussi mobilisée.