Les immigrés en France ont un niveau de vie moyen, inférieur d'un tiers à celui des non immigrés. Un travailleur immigré a besoin de démarcher quatre à cinq fois plus qu'un citoyen résidant avant de décrocher un emploi. Les immigrés originaires du Maghreb et de l'Afrique sont les plus touchés. Les chiffres sont éloquents. Plus d'un tiers des immigrés sont dans une situation précaire. Selon la dernière étude de l'Insee, plus de 36% des personnes appartenant à un ménage immigré vivent sous le seuil de pauvreté, avec moins de 910 euros mensuels, un taux supérieur de 25 points des ménages non immigrés. Cette proportion atteint 42,7% quand la personne est native d'Afrique et reste à 24% quand la personne est originaire de l'Union européenne des Quinze, une référence choisie pour son niveau de développement équivalent à la France. l'Inseeprécise : qu'est désignée comme « personne immigrée » une personne née à l'étranger ou de nationalité étrangère, même si elle a ensuite été naturalisée française. De plus, les ménages mixtes ne sont pas comptés dans cette étude qui porte sur l'année 2007. Les ménages immigrés disposent d'un revenu moyen de 2120 euros par mois contre 2810 pour les ménages non immigrés. Les prestations sociales occupent une part plus importante chez les ménages immigrés (13,8%) que chez les non-immigrés (4,6%), ce qui s'explique en partie par le fait que l'on trouve chez les premiers plus de familles monoparentales et nombreuses. Pour le niveau de vie moyen, l'écart s'accroît entre immigrés et non-immigrés en raison de la taille des ménages. Il s'élève à 1220 euros par mois pour les personnes d'un ménage immigré soit 33% de moins que dans un ménage non immigré. Là encore, l'origine géographique joue : 14% de moins pour les ménages dont la personne qui ramène le revenu est originaire de l'UE et 43% de moins lorsqu'elle est native du Maghreb. Avant transferts fiscaux et sociaux, les ménages immigrés disposent d'un revenu disponible inférieur de près de 34% de celui de ménages non immigrés. Après transferts, cet écart est réduit à 24,7%, ajoute l'étude. Pour le travail, revenez plus tard ! Un travailleur immigré a besoin de démarcher quatre à cinq fois plus qu'un citoyen résidant avant de décrocher un emploi, selon des expériences menées dans dix pays européens, révèle le Bureau international du travail (BIT). « Une personne d'origine ou d'apparence immigrée doit postuler quatre à cinq fois plus avant de décrocher une réponse positive et cela, à chaque étape de sa recherche d'emploi », explique Patrick Taran, spécialiste des migrations au BIT. Il se base sur des expériences réalisées en partie sous l'égide du BIT, en France, en Espagne, en Italie, en Belgique, en Suède, en Allemagne, en Suisse, en Irlande, aux Pays-Bas et au Danemark, durant lesquelles un immigré et un résidant comparent les réponses obtenues à leurs démarches, identiques, de recherche d'emploi. Soulignant qu'il y a un niveau « de discrimination étonnamment élevé et généralisé » contre les travailleurs migrants dans les pays européens, l'expert estime que ce phénomène « représente une menace sérieuse pour la cohésion sociale ». Il a appelé les pays à instaurer des organismes indépendants pouvant être saisis par les personnes victimes de discriminations, affirmant que ce genre d'institution et une législation forte contre de tels abus permettraient de faire changer les choses. Il note que la discrimination pousse les travailleurs immigrés à se tourner vers l'économie informelle, ce qui crée un manque à gagner pour les recettes publiques, car ils ne paieront pas d'impôts ni de cotisations sociales.