L'étude contenue dans l'édition 2010 de “Revenus et patrimoine des ménages” en France, rendant compte de la situation en la matière pour l'année 2007, révèle que les immigrés, c'est-à-dire les populations nées à l'étranger, qu'elles aient acquis ou non la nationalité française, ont un niveau de vie moyen inférieur d'un tiers à celui des Français de souche. En 2007, les personnes vivant dans un ménage immigré avaient un revenu moyen net d'impôts de 1 220 euros, contre 1 810 euros pour la population non immigrée. Près de 14% de ces revenus proviennent de prestations sociales contre moins de 5% pour les Français de souche, l'écart provenant généralement car les familles immigrées sont plus nombreuses. Mais au sein même de l'immigration, la différence des niveaux de vie est notable selon l'origine géographique des immigrés. Elle est de 14% lorsque la personne de référence du ménage est originaire de l'Union européenne et passe à 43% de moins lorsque celle-ci est native du Maghreb. À caractéristiques identiques des personnes de référence, l'écart de niveau de vie est encore de moins de 7% pour les sujets issus de l'Union européenne et dépasse 18% pour les originaires du Maghreb. L'étude relève aussi que le taux de pauvreté des personnes immigrées dépasse les 36% pour atteindre près de 43% au sein des populations d'origine africaine, contre 11% parmi la population non immigrée. L'étude est rendue publique au moment même où le débat fait rage sur l'insécurité dans les cités dites sensibles, c'est-à-dire ces ghettos où sont parquées les populations immigrées depuis les années 1960 et 1970, après l'agression de bus circulant en Seine-Saint-Denis. Ce fait divers a relancé l'inquiétude et le débat sur l'insécurité dans les banlieues, sujet de prédilection de Nicolas Sarkozy depuis une dizaine d'années. Il a aussitôt ordonné à son ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, de multiplier les opérations coup-de-poing de sorte qu'“aucun espace public” ne puisse “échapper à l'autorité de la loi”. Les syndicats de police joignent leur voix à celles de la gauche pour remettre en cause la politique de Nicolas Sarkozy, qui dégarni les banlieues des effectifs permanents pour privilégier les opérations coup-de-poing spectaculaires mais inefficaces, voire contre-productives. Le problème des violences urbaines n'est pas circonscrit dans un quartier ou une banlieue de la capitale, et on note une hausse notable d'agressions en tous genres. Un rapport officiel de la police a révélé que durant les seuls mois de janvier et février, plus de 1 100 agents de police ont été blessés lors de violence à travers le pays. À deux ans de l'élection présidentielle de 2012, les choses se présentent au plus mal pour Nicolas Sarkozy. Alors qu'il a construit sa carrière et ses succès politiques sur un discours sécuritaire particulièrement ferme, il peut s'attendre à un effet boomerang fatal pour lui. Ses adversaires ne se gêneront pas pour rappeler qu'après trois ans à l'Elysée et plusieurs années à la tête du ministère de l'Intérieur, la situation sécuritaire s'est plutôt dégradée. Et, en cela, il lui sera difficile d'invoquer les effets de la crise mondiale. Sans compter qu'il est de plus en plus contesté dans son propre camp, et que des candidatures à sa succession commencent déjà à se manifester.