Une délégation de douze militants sahraouis des droits de l'homme, tous passés par les geôles marocaines, ont pris la presse nationale hier à témoin à la veille de leur retour dans les territoires occupés via Casablanca. Accompagnée de l'ambassadeur de la République arabe sahraouie démocratique, Brahim Ghali, la délégation, menée par le plus vieux prisonnier sahraoui, Dadeche Sidi Mohamed (qui a passé 25 ans dans les prisons marocaines), a remis une lettre- testament au président du Comité algérien de soutien au peuple sahraoui (CNASPS). A l'occasion d'une conférence de presse animée à la maison de la presse Tahar Djaout, à Alger, le « Mandela » du Sahara occidental a demandé au président du CNASPS, Mohamed Mahrez Lamari, de remettre la lettre-testament aux journalistes dans le cas où la délégation venait à subir un harcèlement des autorités marocaines à son retour, aujourd'hui, dans les villes sahraouies occupées. Et au-delà de cette « précaution », les douze militants des droits de l'homme qui revenaient d'une mission de quinze jours dans les camps des réfugiés sahraouis (du 20 mars au 3 avril) ont témoigné de l'état moral des « troupes ». Premier enseignement : « Contrairement à la propagande marocaine, nos frères là-bas sont plus que jamais attachés au principe d'autodétermination de notre peuple et au rejet catégorique du plan d'autonomie », assène M. Dadeche Sidi Mohamed. « Nous avons fait un constat diamétralement opposé à celui décliné par les chaînes satellitaires arabes – il a cité Al Jazeera et Al Arabiya – qui épousent les thèses marocaines selon lequelles les Sahraouis des camps de réfugiés seraient favorables à l'autonomie ». Lettre-testament A la question « pourquoi les pays arabes ne soutiennent pas la cause sahraouie comme celle de la Palestine », les conférenciers répondent : « Cela n'est pas nouveau, nous sommes considérés, à tort, comme un mouvement d'inspiration marxiste par opposition aux mouvements islamistes soutenus par les pays du Golfe. » Cela ne semble pas pour autant infléchir la volonté inébranlables de ces vaillants militants que ni les stigmates des prisons marocaines et encore moins la répression des bras armés de Sa Majesté n'ont dévié de leur combat juste pour leur patrie. Sltana Khya, Naâma Asfari, Mahdjouba Ouled Cheikh, Hassen El Ouali, Hamada Smaïl et Skina Jdirou sont animés d'une farouche et même volonté de ne pas céder à la spoliation de leur terre. « Notre cause est noble, elle relève de la décolonisation, nous continuerons donc notre combat pour l'autodétermination de notre pays quel qu'en soit le prix à payer », assure le militant Naâma Asfari. A la veille de leur retour « chez eux », ces militants sahraouis savent qu'ils risquent de subir le même sort que leurs sept frères qui croupissent dans la prison de Salé, à Rabat. Mais ils n'ont pas peur. Comme les 29 autres prisonniers politiques sahraouis qui observent une grève de la faim depuis le 18 mars pour revendiquer « un jugement équitable et juste » des sept militants, Asfari et ses amis sont déterminés à défier la répression marocaine. « Qu'ils fassent de nous ce qu'ils veulent, nous rentrerons chez nous ! » lance d'un ton décidé Dadeche Sidi Mohamed. Notons que cette délégation sahraouie venue des territoires occupés a été reçue successivement au siège du Conseil de la nation, à l'ONM puis a fait le tour des rédactions algéroises.