En grève depuis septembre dernier, une trentaine de travailleurs de Manuca, une entreprise spécialisée dans la fabrication de chaussures à Naciria (Boumerdès), s'inquiètent de plus en plus pour leur avenir. Sans salaire depuis cinq mois, ces employés attendent à ce jour que la justice tranche dans l'affaire les opposant à leur employeur. «On a fait grève car les dirigeants de l'entreprise n'ont voulu répondre à aucune de nos revendications. On a demandé la revalorisation de nos salaires, l'amélioration de nos conditions de travail, la signature d'une convention collective et notre droit aux œuvres sociales, mais ils nous ont dit niet. Ils n'ont rien accepté», s'indigne le secrétaire général de la section syndicale, Mourad Benameur, apostrophé avec ses camarades, avant-hier, à la cour de Boumerdès, où ils se sont rendus pour s'enquérir des suites réservées à leur affaire. «Est-ce normal qu'un employé qui a 28 ans d'expérience continue à percevoir un salaire de base de 19 000 DA? Nous travaillons dans des conditions très difficiles. Les ateliers manquent d'aération et de portes de secours. Il n'y a même pas de chaises où on puisse se reposer en cas de grande fatigue. On est considérés comme des esclaves. Les primes de nuisance et de rendement n'ont pas été augmentées depuis plusieurs années. Malgré la bonne santé financière de l'entreprise, on nous donne 250 DA comme prime de panier», dénonce un autre syndicaliste. Selon lui, «les dirigeants de Manuca n'ont manifesté aucune volonté de répondre à nos doléances». «Au lieu d'ouvrir des négociations sérieuses avec nous, ils ont déposé plainte à l'encontre du syndicat et des grévistes. La justice a tranché en notre faveur. Ils ont fait appel et on attend le verdict», ajoute-t-il. M. Benameur souligne que même l'inspection du travail s'est rangée du côté des employés. «Son représentant avait adressé plusieurs mises en demeure à l'entreprise pour non-respect des conditions d'hygiène et de sécurité, mais rien n'a été fait pour remédier à cette situation. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui nous ont poussés à faire grève», rappelle-t-il. Contacté par téléphone, Tobal Lounès, un des dirigeants de Manuca, rejette les déclarations des travailleurs. Très gêné par nos questions, il affirme qu'«on n'a jamais fermé les portes du dialogue», ajoutant que «l'affaire est en justice et c'est à elle de statuer».