Selon des sources proches du dossier, Khelladi est revenu sur sa nomination à la tête de la DPN, intervenue quatre mois après l'octroi des marchés aux sociétés chinoises et japonaises. Selon lui, c'est le ministre des Travaux publics, avec lequel il avait travaillé lors de son passage à la tête du ministère de la Pêche en tant que directeur de la relance du secteur, qui a insisté pour qu'il assure la direction des nouveaux projets, en dépit de l'opposition des responsables de l'ANA. La nouvelle direction n'avait aucun siège, ni bureau, ni techniciens et encore moins d'agents. « Le volume important de travail et la réquisition permanente des cadres ont nécessité une demande d'un salaire à hauteur des efforts, un logement décent et des moyens de transports adéquats. Lors d'une réunion avec le secrétaire général, il a été décidé une augmentation des salaires des cadres dirigeants qui ont bénéficié également de la possibilité de leur louer des logements », explique notre source. Khelladi, ajoute-t-elle, avait précisé que le ministre avait jugé secondaire le problème des véhicules et logements, vu l'importance du projet. Il l'a même orienté vers les sociétés japonaises et chinoises et les bureaux d'études pour trouver une formule de prise en charge de ce volet, tel que prévu par les CCTP (les cahiers des charges techniques particulières) et les CCAP (cahiers des charges administratives particulières). « Lors de plusieurs réunions avec les représentants des Chinois et des Japonais, ces derniers ont accepté de prendre en charge la location de logements pour les cadres dirigeants et leur équipement ainsi que la mise à leur disposition de véhicules. En fait, la prise en charge des moyens de travail par les sociétés bénéficiaires des marchés n'était pas nouveau. C'était une pratique qui existait depuis longtemps », a noté notre interlocuteur. Une dizaine de cadres dirigeants ont bénéficié de contrats de location dont les loyers sont pris en charge par les sociétés japonaises et chinoises. Mieux, même le siège de la direction des nouveaux projets, situé à Dély Ibrahim, à Alger, ont été loués par le groupement chinois Citic-Crcc. Les bureaux affectés par l'ANA à la DPN, au niveau de la Safex, « ne répondaient pas aux normes », poussant les responsables à poser le problème de structures d'accueil lors d'une réunion interministérielle, présidée par l'ancien chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem. Le terrain de plus de 2 ha, affecté à la nouvelle direction au niveau de Mohammadia, a fini par être occupé totalement par la DG de l'ANA. « De ce fait, et après avoir informé le ministre et le secrétaire général, Khelladi a chargé trois de ses agents de chercher en urgence un immeuble susceptible d'abriter la DPN. Une villa située à Dély Ibrahim a été retenue, et c'est la Citic-Crcc qui a accepté de prendre en charge les loyers, d'un montant de 110 millions de centimes. L'équipement en climatiseurs, bureautique, informatique et mobilier de bureau a été financé volontairement et sans aucune obligation par les sociétés ayant bénéficié des marchés de l'autoroute », a indiqué notre source. A propos de la villa sise à Dély IBrahim et occupée par Khelladi, elle a expliqué qu'elle a été louée « dans les mêmes conditions » que celles concernant le siège de l'ANA. Le prévenu aurait posé le problème d'éloignement de son domicile (sis à Aïn Taya), par rapport à ses bureaux, à son ministre, Amar Ghoul, ainsi qu'au secrétaire général, Mohamed Bouchama. Les deux lui ont proposé de chercher une location. Quelque temps après, Khelladi a trouvé une villa non loin de ses bureaux, dont les loyers et l'ameublement ont été pris en charge par la Citic. Après une année, Khelladi a déménagé à Saïd Hamdine dans une autre villa, louée et équipée (partiellement) toujours par les Chinois et sur leur « insistance ». Le groupement japonais Kojal, et la Citic ont également financé la mise à la disposition des cadres de la DPN de Laptop et de téléphones mobiles, précisant que « deux micros-ordinateurs avaient été remis au chargé du protocole du ministre, pour les remettre à ce dernier ». En fait, la Citic a acheté les PC et Kojal offert les téléphones dotés de puces, dont certains ont été affectés aux directions régionales, à l'insu de Khelladi lequel a reconnu avoir distribué une partie à ses cadres, après avoir prix deux à trois lignes, une pour lui et deux autres pour son fils et son épouse. « Les factures des communications étaient transmises directement à Kojal qui se chargeait de les payer, parce que les contrats étaient en son nom et non en ceux des bénéficiaires », a précisé notre interlocuteur. Pour le prévenu, a révélé notre source, tous les cadres du ministère, à commencer par le secrétaire général, le chef de cabinet et l'ensemble des directeurs que ce soit au ministère et à l'Agence étaient au courant que les groupements chinois Citic-Crcc, et japonais, Kojal ainsi que les bureaux d'études prenaient en charge les frais et les équipements mis à leur disposition par ces sociétés au profit de la DPN. Mieux, est-il noté, le prévenu a précisé que « le ministre des Travaux publics, ainsi que le secrétaire général et le chef de cabinet ont rendu visite chacun de son côté, au siège de la direction des projets, loué par les Chinois et ils l'ont félicité (Khelladi) pour les efforts qu'il a consentis ». Pour sa part, Mohamed Bouchama, et selon ses proches, a révélé que « la question de prise en charge des cadres de la DPN a été discutée en pleine réunion du conseil d'administration qu'il présidait et qui s'est terminée par un consensus autour de la nécessité pour l'ANA de louer des logements au profit des cadres pour un montant mensuel n'excédant pas les 50 000 DA, de doter chacun d'eux d'un véhicule, d'un téléphone et de leur assurer la restauration », niant par la même occasion, ont souligné nos interlocuteurs, avoir été informé « d'une quelconque prise en charge » par les groupements chinois et japonais. Pour lui, le seul accord portait « sur les mesures d'accompagnement, du côté chinois pour la construction d'un institut de formation au profit du ministère, à Sidi Abdellah, et du côté japonais, la réalisation d'un centre de recherche dans les travaux publics, à Aïn Defla ».