La prolifération des drogues de synthèse dans le monde préoccupe les organismes et institutions chargés de combattre ces fléaux. Les précurseurs chimiques utilisés dans la fabrication illicite de ces drogues sont au centre de l'intérêt des différents intervenants dans la lutte contre le trafic de drogue. En premier lieu, l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT) qui tient, depuis hier à Alger, un séminaire d'information et de sensibilisation sur ce sujet. Une rencontre de deux jours à laquelle participent tous les acteurs des instances judiciaires, sécuritaires, administratives ainsi que les importateurs et les utilisateurs de ces précurseurs. Le séminaire est organisé grâce au concours du réseau de coopération MedNet du groupe européen Pompidou, spécialisé dans la lutte contre l'abus et le trafic illicite des stupéfiants. L'Algérie est membre de ce réseau. Abdelmalek Sayah, directeur de l'ONLCDT, a affirmé, lors de son intervention, que « ce séminaire a pour objectif de renforcer les capacités dans le domaine de lutte contre la drogue et de ses précurseurs chimiques ». Cet ancien procureur de la cour d'Alger a rassuré que les drogues de synthèses n'existent pas en Algérie. Mais il estime que « les circonstances qu'imposent la mondialisation et la facilité avec laquelle les personnes et les biens se déplacent poussent à agir avant que ces drogues ne frappent à nos portes plus vite qu'on ne l'imagine ». L'Algérie n'est donc pas à l'abri. Ce qui appelle à la mise en place rapide d'une politique efficace pour mettre fin aux flux de précurseurs chimiques qui entrent dans la fabrication de ces drogues. Pour M. Sayah, le combat contre les drogues de synthèse passe « impérativement par un contrôle strict du traitement des précurseurs chimiques, utilisés légalement, notamment dans l'industrie cosmétique et pharmaceutique. Pour plus d'efficacité, un projet de création d'un observatoire méditerranéen de lutte contre la drogue regroupant les pays de la région est en cours. Le groupe Pompidou du Conseil de l'Europe a proposé aux pays du bassin méditerranéen la création de cet observatoire pour la mise en place d'une politique et d'une stratégie (commune) de prévention et de lutte contre les différents types de drogue », a relevé M. Sayah en marge des travaux du séminaire. Cette proposition vise à coordonner les efforts de lutte afin de maîtriser la prolifération de la drogue. Pays de transit par excellence, l'Algérie peut devenir consommateur et même producteur. La lutte est implacable. De 1999 à 2009, les saisies de drogue ont augmenté de manière considérable, passant de 14 à 74 tonnes, a indiqué Salah Abdennouri, directeur d'études, d'analyses et d'évaluation à l'ONLCDT. Entre 2008 et 2009, les quantités saisies ont connu une hausse de 96%. M. Abdennouri a rappelé que le plus grand producteur de cannabis au monde est notre voisin de l'ouest, à savoir le Maroc.