Quels sont les précurseurs chimiques les plus utilisés dans notre pays ? Leur stockage, leur transport sont-ils assez protégés pour parer à leur utilisation dans la fabrication de drogues de synthèse ? Ce sont là les questions essentielles auxquelles a tenté de répondre le séminaire national d'information et de sensibilisation sur “les précurseurs chimiques des drogues”, organisé hier à l'hôtel El-Aurassi par l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, en collaboration avec le groupe Pompidou de coopération sur les toxicomanies et les drogues dans la région méditerranéenne. M. Abdemalek Sayah, directeur général de l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie, a d'emblée indiqué que les drogues de synthèse et leurs précurseurs ne sont pas répandus dans notre pays, mais que la mondialisation et la facilité avec lesquelles se déplacent les biens et personnes “nous poussent à agir avant que ces drogues ne frappent à notre porte plus vite qu'on ne l'imagine”, car soutient-il, les précurseurs sont une source inépuisable d'argent. Selon lui, les précurseurs chimiques des drogues “même soumis à un contrôle international draconien font souvent l'objet de transformation et de contrebande illicite sous différentes formes, et ce, afin d'en faire un usage illicite dans la fabrication de drogues de synthèse”. En Algérie, des tonnes de précurseurs sont importés en parfaite légalité, dans des conditions définies par la loi, par des laboratoires pharmaceutiques, des industriels dans le domaine du textile, l'agroalimentaire, la pétrochimie, le cosmétique et l'armement. Ils sont soumis, dès leur entrée sur le territoire de souveraineté nationale, précise M. Sayah, à un suivi rigoureux. Il a ajouté que “ceci nous motive donc à prendre des dispositions encore plus strictes quant à leur contrôle”. Le séminaire, expliquent ces organisateurs, se fixe comme but le perfectionnement des connaissances du personnel opérationnel des services de sécurité et la sensibilisation des importateurs et utilisateurs de ces produits, quant aux dangers de leur détournement. “La réalité amère dans de nombreux lieux où se propage la drogue et le volume des quantités saisies dans plusieurs régions du monde nous incitent à adopter des voies et moyens pour mettre fin au flux de précurseurs chimiques entrant dans la fabrication de l'héroïne et de les appliquer à la lutte contre le trafic des produits chimiques employés pour la fabrication de la cocaïne et d'autres drogues illicites”, estime le DG de l'Office national de lutte contre la drogue. La rencontre a regroupé 200 participants dont des magistrats, des représentants de la police et la gendarmerie, du ministère de l'Agriculture, des Transports, de la Défense nationale et des importateurs.