Lorsqu'on pousse la porte de la boutique Puma du quartier du Châtelet en plein centre de Paris et que l'on demande au débotté l'espace réservé aux maillots des sélections nationales de football, la réponse de la vendeuse Cindy fuse immédiatement : « Pour le maillot de l'Algérie, nous sommes en rupture de stock sur toute l'Europe depuis plusieurs semaines. » Situé dans un « corner » stratégique, angle de la rue Berger et du boulevard de Sébastopol, sur l'axe forum des Halles-centre Georges Pompidou, le plus grand magasin, en France, de l'équipementier allemand accueille le chaland sur deux étages pour offrir une surface de vente de 200 m2. Avec ses quelque 500 références majoritairement orientées sur l'univers « street wear et life sytle », les maillots des équipes nationales en contrat avec la marque sont confinés dans un espace réduit. Malgré le peu de surface offert, le business se porte bien. Et parmi les nations représentées, c'est l'Algérie qui remporte haut la main la palme d'or de la tunique la plus vendue. Le prix de 75 euros, commun à tous les pays partenaires de la marque, ne décourage pas les amoureux des Verts. Ainsi, le maillot blanc des Fennecs, le seul de la gamme à avoir été disponible en janvier, a connu un succès fulgurant. « Nous avons écoulé 500 maillots en deux semaines pendant la CAN angolaise. Si on compare avec les autres formations équipées par Puma, l'Algérie se vend plus », se réjouit Didier Trouvé, responsable adjoint du magasin. Loin de se tarir, la demande ne fait qu'augmenter à l'approche du grand raout planétaire. Ainsi, les réponses non satisfaites, par téléphone ou sur site, atteignent les 30 par jour en moyenne. « Pour les autres équipes africaines, il y a eu un effet CAN. En ce qui concerne les coéquipiers de Ziani, il y a un effet Algérie. » L'engouement est tel que notre interlocuteur a même vu un supporter frustré racheter à un autre fan, en proposant 90 euros, le dernier maillot disponible que celui-ci avait acquis. Dans ce magasin, la clientèle algérienne est hétérogène, même si les 20-35 ans demeurent le cœur de cible. En mai, le lieu connaîtra un réassort complet offrant aux supporters un choix plus ample avec la panoplie complète (maillot, short, chaussettes) des matches à domicile (le blanc), à l'extérieur (le vert), des tuniques d'entraînement ou encore des vestes. Pendant la coupe du Monde, un coin dédié aux mondialistes sera créé pour l'occasion. Les fans des Verts pourront alors bénéficier d'un flocage maillot aux noms de leurs joueurs préférés. Au baromètre de la popularité du moment, les patronymes de Ziani, Belhadj et Meghni arrivent en tête des sollicitations. « Si on disposait du stock nécessaire, l'Algérie pourrait être le maillot le mieux vendu en France », conclut Didier Trouvé. La preuve que l'Algérie est une belle affaire pour ceux qui croient en elle ! 120 000 maillots seront vendus en 2010 Puma a eu le nez creux en optant pour les Fennecs. Avec près de 40 000 maillots vendus depuis le début de l'année sur le sol français, le choix de ramener, dans son giron, la tunique algérienne se révèle être un pari d'ores et déjà gagnant. « Nous sommes en rupture de stock sur l'Algérie », se félicite Johann Bondu, le responsable marketing de la marque. Après le maillot de l'Italie, championne du monde en titre, celui de l'Algérie arrive en seconde position au chapitre des ventes.En disposant, depuis janvier 2010, des droits de commercialisation du produit Algérie, l'équipementier allemand, qui a fait de l'Afrique son terrain de chasse dans le domaine du football, étend un peu plus sa suprématie continentale. Ainsi, pas moins de 12 équipes africaines, et non des moindres, sont actuellement sous contrat (Cameroun, Côte d'Ivoire, Egypte, Ghana, Maroc, Tunisie…). Le partenariat avec la fédération algérienne de football, le plus important jamais paraphé avec 1,1 million d'euros dont 700 000 en équipements sportifs, court jusqu'en 2014. Il prévoit d'équiper toutes les sélections nationales et de verser des primes en cas de qualification aux compétitions continentales ou internationales. La stratégie algérienne du géant mondial des articles de sport, troisième derrière Adidas et Nike, obéit à un plan finement pensé en termes de business. Johann Bondu décrypte l'enjeu : « l'Algérie est un acteur conséquent sur le territoire français. La majorité des joueurs en devenir sont talentueux. C'est une équipe importante sur un continent avec lequel nous sommes très liés. » En dépit d'un réel engouement pour les maillots des Fennecs, Puma ne modifiera pas la distribution de ses produits estampillés Algérie. Les points de vente seront ceux du circuit traditionnel. Les fans des Verts pourront ainsi trouver leur bonheur aussi bien dans les magasins détenus en propre par l'enseigne que chez les partenaires généralistes spécialisés dans le sport (Décathlon, Intersport, Go Sport, Made in sport…). Comme toute entreprise reconnue et surfant sur le succès, l'équipementier allemand n'échappe pas au phénomène inéluctable de la contrefaçon de ses produits. « C'est la rançon de la gloire », concède le dirigeant de Puma. « J'ai même vu des maillots de l'Algérie siglés Nike », ironise Didier Trouvé. A l'approche du rendez-vous sud-africain, les perspectives de crever le plafond des ventes s'annoncent donc prometteuses. La marque Algérie se révèle finalement être une valeur sûre, sonnante et trébuchante avec un chiffre d'affaires qui devrait dépasser les neuf millions d'euros dans l'hexagone. L'optimisme est de mise du côté de l'Alsace, siège social de la firme allemande. « Nous visons le chiffre de 120 000 maillots vendus d'ici la fin de l'année », espère Johann Bondu.