Le journaliste le plus célèbre de Tunisie, Taoufik Ben Brik, moisit en prison depuis octobre 2009. Les protestations internationales n'ont pas été assez fortes pour infléchir la position du président Ben Ali, qui s'est particulièrement acharné contre lui, pour lui faire payer le prix de ses articles dénonçant la mascarade entourant la récente élection présidentielle. Ben Brik n'est pas du tout aimé par le régime tunisien qui le pourchasse depuis de longues années, comme il le fait avec tous les opposants. Ce journaliste-écrivain talentueux, féroce et très critique vis-à-vis des puissants qui gouvernent la Tunisie, exerce en réalité un simple droit à l'expression et dont la seule ambition est de faire bouger les lignes... Dans ce pays, la liberté de la presse n'existe pas. Les Tunisiens n'ont pas le droit d'exprimer des opinions divergentes ou de critiquer les autorités. Une répression, d'une incroyable dureté s'abat régulièrement sur les journalistes. Ben Brik a écopé de six mois de prison pour « violences contre une femme » ; en réalité, il est victime d'une machination montée de toutes pièces par les services spéciaux qui sont passés maître dans les coups tordus contre les opposants. En prison, Ben Brik vit le calvaire. Il est très malade, mal soigné et les visites des membres de sa famille sont rares et espacées. Depuis quelques jours, il fait l'objet de provocations et de menaces de certains détenus à la solde du pouvoir. De toute évidence, le président Ben Ali ne veut pas que Taoufik Ben Brik quitte la prison. On le pousse à la faute pour le maintenir au fond du trou. Ben Brik à nouveau libre, c'est vraisemblablement le pire des cauchemars pour les dirigeants tunisiens. L'homme est ingérable. Il ne se laissera pas faire, les intimidations n'ont pas entamé sa fougue et son combat pour l'expression libre et démocratique en Tunisie. La Tunisie a peut-être réussi au plan économique, accueille des millions de touristes, jouit d'une réelle réputation en matière de respect du droit des femmes grâce à l'exceptionnel engagement du président Bourguiba, mais véhicule une image sombre et négative dans le domaine des libertés. C'est l'eldorado pour les touristes algériens mais une prison pour ceux qui osent porter la moindre critique contre le régime en place.