Les plasticiens Arezki Larbi et Ammar Bouras organisent une exposition photographique sur fond de clichés numériques pris par téléphone portable. Une exposition unique en son genre qui ouvrira ses portes en juin prochain. Expliquez-nous le concept de votre exposition ? Avec mon complice et coorganisateur Ammar Bouras, nous sommes partis du simple fait que ce n'est pas parce que nous ne sommes pas photographes qu'il nous est impossible de prendre des clichés intéressants. Nous voulions, en pensant cette exposition, aller vers des gens que nous ne connaissons pas au départ et qui utilisent un portable comme média. La qualité n'est pas toujours au rendez-vous, mais la photo peut malgré tout avoir une esthétique surprenante, voire unique. Certaines gens font de l'image une manière spontanée, sans se soucier de les montrer en dehors du cercle familial ou amical. C'est cet esprit-là qui peut nous guider vers une nouvelle piste de la photo. S'agit-il d'un nouveau concept ou d'une simple tendance ? Dans l'art, il faut savoir pister les choses nouvelles dès maintenant. Je n'ai pas connaissance d'autres expositions du genre dans d'autres pays. Ça doit exister, mais en tout cas ceci n'est pas encore reconnu comme volet à part entière de la sphère artistique. L'art est un chemin de rencontre, il faut arriver à travailler avec la trace des autres. Avec l'explosion du nombre de téléphones portables, n'êtes-vous pas submergé par le nombre de clichés envoyés et la proportion de déchets que cela suppose ? Notre exposition est ouverte à toutes les contributions, quelles que soient leurs origines. Notre simple impératif est d'identifier la provenance, c'est une contrainte très importante pour les droits d'auteur. Pour l'instant, nous avons reçu entre 300 et 400 clichés. Nous ferons bien sûr une sélection des photographies envoyées, mais nous souhaitons exposer le maximum de clichés reçus. Nous n'opérons aucun travail sur les photos, nous apprécions leurs côtés bruts. Certains artistes, peintres, plasticiens, ont déjà envoyé quelques clichés. Il est clair que ces gens-là ont dès le départ un souci d'esthétique plus poussé et cela donne des choses vraiment intéressantes, mais nous souhaitons surtout ouvrir l'exposition aux clichés provenant des gens « ordinaires », de Monsieur tout le Monde. C'est ce côté amateur qui peut aboutir à de réelles bonnes surprises. Peut-on considérer la galerie Racim comme une locomotive de l'audace ? Depuis quelques années la galerie Racim s'est donné comme vocation de montrer l'art actuel. Toutefois, elle ne se donne nullement la prétention d'être une locomotive des nouvelles visions artistiques. Envoyez vos photos à :[email protected]