Des centaines d'avocats ont battu le pavé, hier, dans la ville de Tizi Ouzou. Il était 10h30 quand la procession des robes noires s'est ébranlée devant le mémorial des martyrs de la Révolution, en face de l'ancienne gare routière, et ce, avant de se diriger vers la montée qui donne sur le centre-ville. Au devant de la foule, les marcheurs, venus de plusieurs wilayas comme Boumerdès, Alger, Bouira et Constantine, ont déployé l'emblème national et des banderoles sur lesquelles sont mentionnés les slogans principaux de cette action. «Non au mandat de la honte. 20 ans barakat», «Pour une rupture radicale avec le système» et « Les avocats aux côtés du peuple», tels sont, entre autres, les mots d'ordre de la marche. Dans la foule, nous avons remarqué la présence de plusieurs avocats connus comme Mokrane Aït Larbi, Hakim Saheb, Mohamed Aït Mimoune et Kaci Rahem. Les marcheurs ont sillonné les artères principales de la capitale du Djurdjura avant d'observer un important rassemblement devant le siège de la cour de justice, en scandant des slogans hostiles au pouvoir. Les avocats qui ont pris la parole ont expliqué les raisons de cette action de terrain par «la nécessité de ne pas rester en marge des mouvements de rue qui se manifestent quotidiennement à travers les différentes wilayas du pays. Nous voulons demander le changement et s'élever contre la candidature de Bouteflika pour un 5e mandat», a martelé Me Nabila Smail qui est également membre de l'APW de Tizi Ouzou. «Nous sommes là pour remettre de l'ordre, car nous sommes des avocats libres pour protéger le peuple contre les appels d'intimidation et de répression. Nous demandons le départ pacifique du système. Nous voulons dire aussi que la peur a changé de camp», a-t-elle lancé avant d'ajouter que les décideurs veulent présenter un homme malade pour briguer un 5e mandat présidentiel. «En tant que défenseurs des droits humains, nous refusons d'utiliser la maladie des gens pour le maintien d'un système. Nous revendiquons aussi une justice indépendante», a-t-elle clamé tout en exhortant les autres corporations à «se soulever contre le système». De son côté, Me Abdelhamid Rehioui, venu de Constantine, a estimé que la marche des robes noires, hier, à Tizi Ouzou, va dans le sillage dans actions visant le changement pacifique pour aboutir à la construction d'un Etat de droit. Par ailleurs, les avocats se sont dispersés dans le calme. «Face à cette situation de déni de droit, de négation des libertés et de violation des textes de la République, nous sommes plus que jamais interpellés. C'est pour cela que nous avons appelé à cette marche de la dignité», nous a confié maître Aissa Rahmoune, l'un des signataires de l'appel à la marche des avocats à Tizi Ouzou.