«On peut juger de la grandeur d'une nation par la façon dont les animaux y sont traités.» Mahatma Gandhi Dans les pays où le ridicule politique règne, l'impensable peut arriver. La politique du ridicule est aveugle. Elle ne respecte ni l'homme ni l'animal. Elle se mesure par l'aptitude d'acquérir facilement des biens gratuitement et surtout des individus amorphes. Les amorphes sont connus chez nous sous le nom des béni oui-oui ou harkis. Les béni oui-oui ont aidé les colons à occuper le pays durant 132 ans. Ces amorphes se comportaient comme la France le souhaitait. Un reste de cet amorphisme politique fait surface chez nous. C'est le résultat de la colonisation. Les prototypes de ces amorphes sont ceux qui crient leurs intérêts sous la couverture du 5e mandat. Un 5e mandat qui va, peut-être, nuire à la nation. Selon Sidi Saïd, le refus du 5e mandat va transformer l'Algérie en feu et en braises. Sidi Saïd a perdu la raison. Son raisonnent vient du fond de son cœur, d'après ses dires. Je me demande depuis quand un démagogue se transforme en sentimental ? Dans la situation algérienne, la logique est claire. Celui qui a un extrémum de conscience doit se retirer du pouvoir pour éviter le désastre dont Sidi Saïd nous fait sous-entendre. En mai 1968, les jeunes Français ont dit assez au général de Gaulle. Le général s'est retiré d'une manière intelligente et sans résistance. Les sages de ce pays doivent dire à Bouteflika de faire comme le général de Gaulle pour l'intérêt de la nation et pour son propre honneur et dignité. A noter que la démocratie signifie le pouvoir du peuple. Ces jours-ci, on vit une atmosphère de rapport de forces. La force des dictateurs, les amorphes qui hurlent 5e mandat, contre la force du peuple libre qui le refuse catégoriquement. Pour la première fois dans l'histoire de l'Algérie indépendante, la force du peuple impose des marches pacifiques dans la rue. Certains sous-estiment le nombre de personnes qui marchent, même si les images des caméras montrent le contraire. Les médias amorphes se moquent des spectateurs algériens. Dans le ridicule audio-visuel, l'amorphisme médiatique parle des manifestations du Soudan et ignore les jeunes qui rejettent l'idée du cinquième malheur. Le droit de manifester pacifiquement semble être un acquis en Algérie. La Constitution, en réalité, mentionne clairement l'exercice de ce droit. Mais ce droit demeure toujours non acquis. Des arrestations de masse, où des journalistes couvrant les manifestants sont mis en état d'emprisonnement. Souvent, la manifestation est étouffée de façon musclée par une unité de policiers défendant le plus fort. Je continue mon texte par la définition politique de la marche. La marche constitue un mode d'expression pour les groupes faiblement dotés en ressources, dominés, exploités et qui ne disposent pas d'organisations durables et crédibles pour les représenter et défendre leurs intérêts. C'est le cas des jeunes Algériens. Ils ont marché pour dire : «Non à l'injustice, l'arrogance, la corruption, au mépris et l'ignorance». La liberté se paie très cher. Il n'y a pas plus cher que la liberté. La liberté vaut bien une marche, nous dit un jeune révolté. La complaisance et la démagogie des organisations corrompues ne peuvent plus arrêter le «vouloir» des jeunes. Les temps ont changé ; en Octobre 1988, le soulèvement des jeunes était pris pour un chahut de gamins par un ex-ambassadeur d'Algérie en France. Aujourd'hui, la marche des jeunes dans toutes les villes algériennes, sans exception, est traduite par la rue sous une seule voix : un «Non» massif contre un cinquième mandat «bessif». La marche de nos jeunes mécontents, pour spontanée et évidente qu'elle puisse paraître, résulte d'un travail de militantisme latent très séreux. Il importe aux gens qui s'éternisent au pouvoir de prendre au sérieux les voix des jeunes. En plus clair, une marche très organisée ne s'improvise pas. Elle est le résultat d'une accumulation de problèmes sans solutions. Elle est le résultat de l'incompétence qui dirige le pays. Mahatma Gandhi est le symbole du changement par les marches pacifiques. Chez nous, plusieurs jeunes ressemblent à ce grand homme. Un Gandhi algérien nous dit : «Ce qui se passe chez nous est très grave. Les jeunes ont marché sur le portait du président. L'entourage de Bouteflika a obscurci la personnalité de Bouteflika. Sellal, Ouyahia, Ali Hadad, les Amar, les Saïd, les Saleh et les mauvais augures du FLN et du RND sont responsables de cet acte inhumain. Ils ont mené le pays à la dérive.» Face à ce Mahatma, des figures sombres et funestes du nouveau FLN chapeauté par le nouveu «débarqué» Bouchareb interdisent aux jeunes de rêver de bonheur et d'avoir de l'espoir dans une Algérie moderne. Dans la même colonne, certains imams du dernier temps, avec leur sorcier pseudo-syndicaliste, ânonnent un discours maudit et veulent faire de l'Algérie un petit Iran. Dieu merci, les vrais fidèles ont refusé d'entendre le discours absurde. Ils ont déserté les lieux gérés par ce sorcier. Ce sorcier est devenu une star des médias amorphes. Les jeunes sont très conscients de leur avenir. Ils rejettent contre les murs toutes les idées rétrogrades, sombres et obscures. Le jeune Gandhi nous informe que la majorité des Algériens se demande si Bouteflika est conscient de son entourage. Il se pose cette question : Bouteflika est-il l'innocente victime des circonstances de son entourage ou un homme malade inconscient de son passé ? Le jeune Gandhi trouve les réponses à ces questions dans les cris des jeunes mécontents. La foule a hurlé Ouyahia dans toutes les rue d'Algérie. Ils l'ont bien responsabilisé de la crise politique en Algérie. Avec sa machine à dinar sans valeur, il a plongé l'administration du pays dans un régime de corruption inédit. Le jeune Gandhi se demande si cette personne gouverne sous l'influence de son épouse, ou tout simplement comme un vice-roi malhabile et malhonnête ? Il continue : la situation d'Ouyahia n'est pas à envier. Elle ressemble à celle du comte de Baños. L'histoire se répète. Le comte de Baños était vice-roi de la Nouvelle-Espagne. Relisons l'histoire. En mars 1660, Mexico, capitale de la Nouvelle-Espagne, est livrée aux mains du comte de Baños. Peu de temps après son arrivée, le comte de Baños vit se dégrader ses relations avec les habitants de la vice-royauté qu'il administrait : on l'accusa d'être arrogant, méprisant et de voler l'argent du roi… A travers les slogans des foules, nous pouvons définir les contours d'un système corrompu où les marges lointaines doivent s'accommoder de l'absence du roi, en un temps où le mensonge, la corruption et l'infidélité tiennent à son inconscience. Eloignés de Bouteflika, ses soi-disant représentants sont les premiers à s'affranchir de l'autorité dont ils s'avantagent. Et souvent, ils exagèrent dans la transmission du message politique fallacieux que nous supposons provenir du président. Les messages politiques déformés par Ouyahia et les Amar ont poussé la population de Kherrata à sortir dans une foule immense et bien organisée avec des drapeaux noirs pour démontrer au monde que les gens qui entourent Bouteflika ne sont audacieux que parce que les amorphes politicards les ont applaudis durant vingt ans. Le drapeau noir signifie la faute et symbolise le néant et la mort. Les drapeaux de Kherrata rappellent aux Algériens que l'éternité de l'humain n'existe pas et la présidence à vie n'est plus acceptée. Les maîtres, les Français de ces amorphes ont appris aux petits Algériens, qui étaient indigènes à l'époque, que le drapeau noir des révoltés fit sa première apparition dans la manifestation des sans-travail aux Invalides à Paris, le 9 mars 1883. La célèbre Louise Michel y affiche, pour la première fois, un drapeau improvisé, à partir d'un vieux jupon noir fixé sur un manche à balai. Je conclue mon texte par un extrait de la déclaration de la grande citoyenne Louise Michel devant les assises de la Seine. «La République que nous voulons, c'est celle où tout le monde travaille, mais aussi où tout le monde peut consommer ce qui est nécessaire à ses besoins ; la République que nous voulons, c'est celle où l'on a les yeux fixés sur l'avenir, où l'on ne s'endort pas dans le présent, où l'on ne s'attarde pas dans le passé… Le peuple meurt de faim, et il n'a pas même le droit de dire qu'il meurt de faim. Eh bien, moi, j'ai pris le drapeau noir et j'ai été dire que le peuple était sans travail et sans pain. Voilà mon crime. Vous le jugerez comme vous voudrez. Vous dites que nous voulons la révolution. Mais ce sont les choses qui font les révolutions, c'est le désastre de Sedan qui a fait tomber l'empire, et quelque crime de notre gouvernement amènera aussi une révolution… Voilà les crimes que nous avons commis. Chacun cherche sa route, nous cherchons la nôtre et nous pensons que le jour où le règne de la liberté et de l'égalité sera arrivé, le genre humain sera heureux.» Pour le courage des manifestants qui refusent la dictature, il existe un prix français Louise Michel décerné par le Centre d'études politiques et de sociétés de Paris et récompensant une personnalité pour «les vertus de dialogue, de démocratie, de développement et de paix». Malheureusement, son attribution récente à des dirigeants tels que Ben Ali, Hosni Moubarak et d'autres dictateurs dont je ne cite pas les noms est une insulte pour la France. Le 22 février, le drapeau noir flottait sur la Moravia et la célèbre Pharaonne a coupé l'internet pour le peuple. La France de Macron doit attribuer ce prix à Pharaonne pour son patriotisme absurde.