«Celui qui a porté atteinte au drapeau national et qui a endeuillé l'Algérie, ce n'est pas le RCD, mais c'est plutôt vous, M. Bouteflika et vos partisans», a fulminé Saïd, qui, bravant l'interdit, a décidé de lancer un appel à l'organisation de trois marches de protestation au niveau de la capitale. «Le RCD n'est pas une institution administrative, mais un parti politique, donc nous ne sommes pas obligés de hisser le drapeau national sur le fronton de notre siège», a-t-il répliqué. Pour lui, ce qui est condamnable, c'est l'utilisation par les partisans de Bouteflika des symboles et des héros de la révolution algérienne durant la campagne électorale. «Fallait-il que vous soyez à ce point paniqué pour abuser des martyrs de l'indépendance que vous réduisez à des gadgets décorant le fond de vos affiches pour vous mettre en valeur ?» , s'est demandé le conférencier. Et d'ajouter : «Avez-vous besoin, M. Bouteflika, de priver le peuple de sa part de respect, de reconnaissance et d'admiration pour Belouizdad et les Krim Belkacem et tant d'autres, dont vous manipulez sans vergogne nom et sacrifice dans un marketing douteux qui laisse entendre que leurs enfants sont acquis à votre candidature ?» Saïd Sadi a dévoilé le contenu de la lettre ouverte adressée au chef de l'Etat et dans laquelle il rappellera au président candidat les méthodes de «supercherie, d'escroquerie» qu'il utilise dans cette campagne électorale pour se maintenir au pouvoir. «M. Bouteflika, vous avez grevé le budget de l'Etat dans une campagne hystérique qui relève du viol de la cité algérienne, vous confisquez les médias, vous avez transformé toutes les institutions en comités de soutien. Tout cela, à votre décharge, faisait partie des traditions politiques algériennes depuis l'indépendance», a-t-il dénoncé. Le Dr Saïd s'en est pris aussi au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, pour avoir traité les boycotteurs de «traîtres». Mais il a refusé, par ailleurs, de répondre aux critiques des partis politiques, dont ceux de l'Alliance présidentielle, du FFS, des associations proches du pouvoir, de la Commission nationale de surveillance de l'élection présidentielle qui ont réagi après la décision de hisser le drapeau noir sur le bâtiment de son siège. Sauf l'UGTA, dont il affirme : «Je comprends la réaction des partis politiques, mais celle de l'UGTA dépasse tout entendement. De quel droit une organisation syndicale s'insurge-t-elle contre notre initiative ? Le ridicule ne tue pas !», a lancé l'orateur qui ne s'est pas empêché de s'interroger sur le silence de tout ce beau monde quant aux dérives du président candidat. De l'avis de Sadi, «la trahison a meurtri notre belle Algérie». Restant toujours dans le domaine de la campagne électorale, le chef de file du RCD s'étonne également de cette autre directive donnée aux opérateurs économiques publics et privés de menacer de licenciement leurs employés, s'ils ne se rendaient pas aux meetings de Bouteflika.