En réponse à l'appel du devoir national, ils sont venus des quatre coins des Hauts-Plateaux sétifiens manifester non seulement leur opposition à un 5e mandat de plus en plus compromis, mais exprimer leur ferme intention à mettre les premiers jalons d'une IIe République, véritablement démocratique, populaire et sociale. Ne risquant pas de faire un calcul erroné, plus de 100 000 Sétifiennes et Sétifiens ont investi hier un centre-ville bondé d'une marée humaine décidée à bousculer l'ordre établi. En dépit de la solennité de la situation dans laquelle se trouve le pays, les marcheurs, accompagnés pour certains d'entre eux par leurs mères, épouses et filles, ont tenu à offrir des roses d'espoir à la femme algérienne ayant tenu à célébrer sa journée dans la rue. «Après plus de 20 ans de silence, le peuple algérien retrouve sa dignité et la parole spoliées par un régime despotique. Je suis très fière d'être algérienne et fille de cette Algérie notre mère nourricière. Du haut de mes 80 ans, je n'ai jamais vécu un tel déferlement populaire. Je peux partir maintenant la conscience tranquille. Façonnée par le sang de nos glorieux martyrs, l'indépendance nationale, souillée des décennies durant par les vautours et leurs acolytes prédateurs, se trouve désormais entre les bonnes mains de notre jeunesse digne de confiance. Confisqués par une caste de pseudo moudjahidine durant de longues années, les principes de Novembre 1954 sont en voie de libération», dira avec émotion, à El Watan, el hadja Garmia, une moudjahida de la première heure. Pour être une nouvelle fois au rendez-vous de l'histoire, la vieille dame a ainsi parcouru des kilomètres, bravant le poids des ans et la maladie qui la ronge. Baya, Zoubida, Fatma, Hania, Samia, Nadira, pour ne citer que ces véritables représentantes de la majorité «silencieuse» ont été d'une partie où la femme a été admirée et respectée. «Avec cette démonstration pacifique, le pouvoir en place n'a pas d'autre alternative que de répondre positivement à la volonté du peuple qui ne veut ni de Bouteflika ni de Benflis. On n'en veut pas de cette opposition des compromissions. Gavé par les éternels compromis de salon, le peuple algérien dit non à toute forme de récupération et de parrainage. On voudrait vivre dans une Algérie libre et démocratique, point barre. A travers les marches pacifiques, on a montré au monde que le peuple algérien tient à son honneur», fulminent des Sétifiennes qui s'opposent farouchement à un 5e mandat faisant face à une inédite révolution de la rue.