C'était le 9 décembre 2002, deuxième jour de la fête de l'Aïd. «J'ai été voir la nourrice de Hania, qui est en même temps ma voisine, pour lui souhaiter bonne fête. Ma fille voulait rester encore avec le mari de sa nourrice qu'elle appelait papa. Je l'ai laissée pour lui faire plaisir. Quelque temps plus tard, celui-ci me l'a ramenée en me disant qu'elle avait de la fièvre et qu'elle refusait de dormir. Hania pleurait à chaudes larmes du fait des douleurs qu'elle ressentait au niveau de ses parties génitales. Quand j'ai soulevé ses vêtements, j'ai remarqué des taches de sang sur ses cuisses. C'était la nuit et je n'ai à aucun moment douté de ce qu'elle venait de subir. Le lendemain matin, ma fille marchait à pas très lents en écartant les jambes. Son slip était taché de sang. Lorsque je l'ai interrogée, elle m'a expliqué que le fils de la nourrice l'a touché, mais elle ne pouvait parler parce qu'il l'a menacée de la tuer si jamais elle venait à raconter ce qu'il lui avait fait». Le lendemain, la mère de Hania s'est dirigée tout droit vers une sage-femme à El Harrach qui constate des lésions au niveau des parties anales et génitales. Elle l'oriente en urgence vers une gynécologue de Belfort. Celle-ci a refusé de l'osculter sans ordre de la police. «J'ai été choquée par ces événements. J'ai emmené ma fille à un psychologue, puis j'ai déposé plainte auprès de la police qui a fait examiner Hania par un chirurgien-pédiatre à Belfort. Ce dernier a confirmé une deuxième fois les lésions au niveau de ses parties génitales. Le lendemain, la police est venue chez moi pour emmener ma fille chez le médecin légiste du CHU de Zmirli, lequel a constaté les mêmes lésions. La police a pris le petit linge de Hania maculé de sang et l'a joint comme pièce à conviction…» Sur la base de ce dossier, dont des copies sont en notre possession, le juge des mineurs près le tribunal d'El Harrach a convoqué la mère de Hania pour être entendue. L'auteur a été mis sous mandat de dépôt, le 29 janvier 2004. «Trois mois plus tard, l'affaire a été revue, pour passer de la criminelle à la correctionnelle sans que je sache. L'auteur a été condamné à trois ans de prison pour attouchement alors qu'il s'agissait de tentative de viol sur une petite fille de 4 ans. Le plus grave est qu'après 18 mois de détention, il a bénéficié d'une grâce présidentielle…» La mère très en colère a interpellé le ministre de la Justice, puis le président de la République sur ce cas qu'elle qualifie d'«injustice». Aujourd'hui, sa fille Hania souffre de troubles psychologiques et à chaque fois qu'elle croise le regard de son agresseur et voisin dans la rue, elle éclate en sanglots. «Ces derniers temps, ses crises de larmes deviennent de plus en plus longues et souvent elle fait de cauchemars la nuit. Elle a très peur d'aller aux toilettes et refuse de me quitter à longueur de journée. Le psychologue qui la suit régulièrement a constaté des troubles pshychologiques assez sévères. Je veux que le procès de son agresseur soit révisé afin qu'il soit jugé selon la gravité du crime qu'il a commis…», a lancé la mère de Hania. Celle-ci a écrit à Me Farouk Ksentini, président de la Commission consultative nationale de promotion des droits de l'homme, mais aussi aux instances nationales et internationales de protection des enfants. En attendant, cette mère éplorée attend désespérément son droit à «une justice pour que plus jamais d'autres enfants ne soient victimes de tels actes».