Les martyrs et les chouhada de la glorieuse Révolution peuvent être fiers de leur peuple qui, dans un sursaut populaire à nul autre pareil, s'est révolté pacifiquement contre les tyrans qui ont dirigé le pays depuis l'indépendance. Hier, des millions d'Algériens sont encore sortis dans la rue pour dire «Non au 5e mandat» et réclamer la fin du système et de ses hommes. Ils ont brandi fièrement les portraits des vrais héros de la Révolution qui ont offert leur vie pour que l'Algérie soit indépendante et que ses citoyens vivent dans la dignité, le droit, l'égalité et la justice. Les Algériens ont administré une leçon de citoyenneté aux misérables gouvernants qui ont toujours cherché à les humilier par des décisions et des actes politiques aux antipodes des principes pour lesquels des hommes et des femmes ont combattu le colonialisme français pour que le peuple algérien soit libre et choisisse son destin comme l'a proclamé la Déclaration du 1er Novembre. Le peuple s'est exprimé pour la troisième fois en l'espace de deux semaines sous le regard de toute la planète. Les marches avaient valeur de référendum. Il a rejeté dans la globalité et le détail les solutions de crise proposées par un pouvoir honni et une opposition rattrapée par son passé et sa proximité avec le pouvoir mafieux qui a régenté le pays. Les vrais leaders de la Révolution, ceux qui n'ont pas trahi les idéaux de Novembre 1954, peuvent à présent dormir tranquilles. Le peuple a fait le serment de ne jamais s'éloigner de la Plateforme de la Soummam à laquelle les traitres ont tourné le dos et retourné la veste au lendemain de l'indépendance chèrement payée. Les marches gigantesques des derniers jours ont précipité la fin du système pourri, corrupteur et corrompu. Le peuple a pris à témoins les martyrs, dont les portraits étaient portés par des jeunes, pour dire non au pouvoir criminel qui a pris en otage le pays et ses citoyens. Après 57 ans de tyrannie, de dictature, de vol et d'accaparement des richesses du pays, le peuple est sorti dans la rue comme un seul homme pour signifier la fin de la seconde colonisation et cela sous le regard des martyrs qui se retournaient dans leurs tombes en voyant ce que Bouteflika et ses suppôts faisaient de l'Algérie pour laquelle ils ont sacrifié leur vie pour qu'elle soit indépendante et une terre où la justice sociale ne sera pas un credo ou un slogan. Ce que, malheureusement, les régimes successifs ont fait. L'Algérie est enfin revenue à ses enfants qui, à travers les dernières marches populaires, ont «arraché leur seconde indépendance» sans casser un verre. Le slogan «Un seul héro, le peuple» inscrit sur les murs immaculés a pris toute sa valeur ces derniers jours.