Le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, Eric Besson, est à nouveau au centre d'une polémique : la gauche l'accuse de fuir le débat et de créer la diversion, le ministre veut évaluer le coût de l'immigration irrégulière, l'opposition souhaite un audit plus large, intégrant l'ensemble de la politique d'immigration, d'intégration, d'asile et de développement solidaire. C'est une histoire de timing. Des parlementaires et des associatifs travaillent depuis de longs mois pour engager un audit de la politique d'immigration. Eric Besson, le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, s'invite à la radio, deux jours après l'annonce de la première initiative, pour révéler qu'il allait demander à un cabinet indépendant de préparer un rapport sur le coût de l'immigration irrégulière. Selon son ministère, l'étude va dire combien coûte à la collectivité le maintien en France des étrangers en situation irrégulière : hébergement, soins médicaux, scolarité, manque à gagner pour les services sociaux et fiscaux, placement en rétention, assistance juridique et sociale. Ses opposants parlent de tentative de diversion. « Alors que les parlementaires annoncent leur intention de mener, sur plusieurs mois, un audit général de la politique d'immigration du gouvernement pour questionner les présupposés sur lesquels est construite cette politique, Eric Besson a décidé de faire diversion », dénonce la députée socialiste Sandrine Mazetier. Pour le ministre, il y a simplement des « difficultés » à « poser les termes rationnellement » d'un débat sur la politique de l'immigration. Après avoir mis la pédale douce sur le débat sur l'identité nationale, Eric Besson entend occuper le terrain de l'immigration. Sandrine Mazetier estime que le ministre a « peur des chiffres » et qu'il veut « esquiver » le débat en orientant l'évaluation vers l'immigration irrégulière. Le groupe de parlementaires, lui, veut évaluer « l'ensemble de la politique d'immigration, d'intégration, d'asile et de développement solidaire », notamment les reconduites à la frontière. L'éloignement des étrangers en situation irrégulière coûte à l'Etat environ 232 millions d'euros par an, soit 12 000 euros par reconduite selon des chiffres communiqués il y a quelques mois par le ministère. Des associations citent le chiffre de 27 000 euros. « Les documents budgétaires fournis par le ministre au moment du vote du projet de loi de finances pour 2010 sous-estiment manifestement le coût de la politique d'expulsion », observe Sandrine Mazetier. La députée cite un rapport de la commission des finances du Sénat, s'appuyant sur les travaux de la cour des comptes qui évalue le coût de la reconduite à la frontière d'une personne en situation irrégulière à 20 970 euros, soit « 15 fois plus que la somme avancée dans le projet de loi de finances 2010 ». Une vingtaine de parlementaires, de tous bords, souhaitent auditionner des démographes, des économistes, des chercheurs, des hauts fonctionnaires, des politiques, des commissaires et des associations dans un cadre informel. Relevant la différence entre le projet des parlementaires et celui du ministre, SOS Racisme dénonce de son côté une « logique populiste de stigmatisation » des immigrés de la part d'Eric Besson. Ce dernier essaie, ironise l'association, de montrer « à quel point les étrangers en situation irrégulière coûteraient cher à la société française et, par conséquent, aux citoyens français ».