Selon des sources judiciaires, le magistrat instructeur a déjà entendu de nombreuses personnes, notamment parmi le personnel de la police, qui étaient présentes le jour de l'assassinat, le 25 février 2010, à l'étage où se trouve le bureau du défunt. Parmi elles, le chef de la sûreté de wilaya d'Alger, le directeur de l'administration générale, le directeur des télécommunications et le secrétaire particulier de Ali Tounsi. Tous ont été entendus en tant que témoins sur les circonstances qui ont précédé le crime. Hier, c'était au tour du directeur du journal Ennahar et une de ses journalistes d'être entendus sur l'article paru le jour même de l'assassinat de Ali Tounsi, relatant la suspension du colonel Oultache de son poste de directeur de l'unité aérienne, à la suite d'une enquête sur de supposées « malversations dans les marchés d'acquisition d'équipement informatique ». Pendant plus d'une heure, le juge les a interrogés sur la source d'information qui a révélé les détails de l'enquête interne sur le colonel Oultache et sa suspension de son poste avant que la décision ne lui soit notifiée. Oultache, faut-il le rappeler, serait entré dans le bureau de Ali Tounsi le journal Ennahar à la main. Les trois responsables convoqués par le défunt pour une réunion – le chef de sûreté de wilaya, le DAG et le directeur des télécommunications – auraient entendu la violente dispute entre les deux anciens colonels de l'ANP, avant que la porte du bureau de Tounsi ne soit fermée et le crime commis. Anis Rahmani, directeur du journal, a déclaré avoir expliqué au juge que l'information en question « a été reçue deux jours avant sa publication. Tous nos contacts avec la Direction générale de la Sûreté nationale, pour obtenir leur version des faits, se sont avérés vains. Nous avons pris la responsabilité de publier l'information, pas comme un événement majeur mais contenue dans un article inséré dans les pages intérieures du journal. Il n'était pas du tout question d'inciter à l'assassinat de Ali Tounsi ». Les mêmes questions ont été posées à la journaliste, Dalila Belkheir, rédactrice de l'article, qui, elle, a affirmé au magistrat « n'avoir fait que rédiger une information », que son directeur lui a donnée. Le magistrat a signifié aux deux témoins que la procédure de leur audition entre dans le cadre de l'instruction qui « va toucher toute personne citée dans l'enquête ou susceptible d'apporter un quelconque détail lié directement ou indirectement au dossier ». En fait, la gravité de l'affaire, les circonstances dans laquelle elle a eu lieu, ses répercussions sur l'image de l'institution policière et ses implications mettent la justice devant un vrai casse-tête, d'autant que le présumé auteur du crime, nous a-t-on affirmé, « se mure dans un silence de marbre et refuse de s'expliquer ». Il est à craindre que l'opinion publique ne puisse jamais connaître les vraies raisons de cet assassinat.