Comme le crime a été commis “sans témoins”, ainsi qu'il a été déclaré, lundi au siège du Conseil de la nation, à Alger, par le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, et que le bureau de M. Ali Tounsi est dépourvu de caméras à l'intérieur, les chargés de l'élucidation de cette affaire s'occupent à réunir un maximum d'indices ou de preuves matérielles et scientifiques pour permettre au procureur de la République près le tribunal de Bab El-Oued de décider des chefs d'inculpation. Sous la supervision, bien entendu, du procureur général d'Alger. “Il ne faut pas compter beaucoup sur le témoignage du colonel Oultache qui peut raconter ce qu'il veut et ce qui l'arrange”, estime-t-on. Ses déclarations seront confrontées aux conclusions du rapport d'autopsie — le corps de feu Tounsi a été autopsié au laboratoire scientifique de la police — et sur l'expertise balistique. Autant d'actes judiciaires qui permettront la reconstitution de la scène du crime et la position de l'arme ainsi que la trajectoire des balles. L'arme utilisée est considérée comme un élément essentiel de l'enquête et une pièce à conviction. Où se trouvait l'assassin quand il a tiré sur M. Tounsi ? Ce dernier était-il debout ou assis ? Combien de balles a-t-il reçues et surtout y a-t-il eu intervalle entre les tirs. Tout cela peut renseigner notamment sur l'acharnement ou pas de l'agresseur contre le défunt DGSN. Le juge d'instruction peut ordonner, en outre, une ou plusieurs expertises psychiatriques. Pour l'établissement de l'acte prémédité, on compte, en revanche, beaucoup sur les témoins indirects. En l'occurrence ceux qui était présents à l'étage où se trouve le cabinet de M. Tounsi. Ceux qui n'ont pas assisté à l'assassinat, mais qui ont, en revanche, avant ou après le crime, aperçu son assassin. Tels que les directeurs centraux, les membres du secrétariat de M. Tounsi ou le chef de sûreté de la wilaya d'Alger. “Il est important de savoir dans quelles circonstances et dans quel état d'esprit, il est rentré chez M. le DGSN. A-t-il fait un forcing pour le voir ? Dans quel état d'esprit était-il ? A-t-il l'habitude de porter sur lui une arme ou est-ce que c'est un fait inhabituel ? A-t-il vraiment tenté de s'en prendre à d'autres personnes ?”, soutient une source judiciaire. La justice s'intéresse, également, à la source qui a briefé le quotidien Ennahar, lequel a publié dans son édition de jeudi dernier (le jour du drame), un article annonçant les velléités de M. Tounsi de suspendre le colonel Oultache de ses fonctions pour son implication dans des transactions douteuses dans la division héliportée dont il était le chef. L'auteur de l'article et les responsables du journal Ennahar seront auditionnés dans le cadre de cette enquête judiciaire. Selon nos sources, il a été signifié à l'auteur du crime le mandat de dépôt. Il sera transféré en soins infirmiers en prison dès que son état de santé le permettra. En attendant, il reste sous haute surveillance jusqu'à sa sortie d'hôpital.