A mesure que la liste des bénéficiaires de nouveaux logements tarde à venir, les citoyens concernés redoutent d'en être injustement exclus. Les habitants de la cité dite Hay El Malaâb à Chebli vivent depuis près de cinquante ans dans des conditions déplorables : exiguïté des lieux et état catastrophique des routes qui la sillonnent. Cette cité a été construite en 1961 pour abriter 38 familles. Aujourd'hui, elle en compte quatre fois plus. Depuis deux ans, les habitants ne parlent que de déménagement et de lendemains meilleurs, puisque les autorités leur ont promis de les recaser dans la nouvelle cité des 120 logements, érigée à quelques dizaines de mètres de chez eux. Cette dernière est fin prête depuis quelque temps déjà, mais la distribution des logements tarde à venir. « Je ne sais pas ce qu'ils attendent pour nous recaser. On dirait qu'ils font durer exprès notre calvaire ! », dit un citoyen excédé. Depuis quelques semaines déjà, les locataires de ladite cité ont emballé leurs affaires et n'attendent que la liste des bénéficiaires. « Tout le monde va être relogé, puisque cette cité de misère va être rasée. On érigera ici de nouveaux bâtiments. Ce n'est pas une grande perte ! Vivement que ces taudis disparaissent à jamais ! », nous confie un autre habitant optimiste. Le problème qui risque cependant de se poser est le nombre croissant de familles à reloger. Depuis des années, plusieurs couples vivent sous le même toit, dans presque chaque maison. Les autorités ayant recensé les logements, se trouvent devant un nombre plus important de demandeurs (118 livrets de famille). « L'autre jour, nous confie Djamel, un habitant désespéré, le P/APC nous a apostrophés en nous disant : ‘‘Puisque vous avez un problème de logement, pourquoi vous êtes-vous mariés ?''. Et d'ajouter sur un ton triste : « Si les logements ne sont pas distribués très vite, ce sera plus de 118 familles qu'il faudra reloger ! ». La rumeur va bon train sur la distribution de ces logements. Plus le temps passe et plus l'histoire de bénéficiaires venant d'ailleurs et supplantant les véritables nécessiteux enfle et se propage comme une traînée de poudre. Le problème de logement n'est pas près d'être résolu, surtout avec les habitants de Douar El Yehoudi, ces locataires de l'ancienne porcherie (voir El Watan du 30/03/2010) qui continuent leur sit-in en silence sur la place publique depuis plusieurs semaines. Un peu plus de transparence de la part des autorités locales calmerait les esprits, mettrait fin à la rumeur et amènerait la compréhension chez ces citoyens qui n'aspirent qu'à avoir un toit décent pour une vie meilleure.