Des constructions précaires et difformes, défiant toutes les normes, ont proliféré dans cette cité où les habitants manquent de tout et restent livrés à eux-mêmes. Les habitants de la Cité rurale ou El Hay El Qaraoui de Chebli vivent dans la promiscuité depuis 1955, date à laquelle l'administration française les avait parqués dans ces lieux. En effet, rien n'a changé, depuis, à El Hay El Qaroui et ses habitants n'ont pas bénéficié de commodités nécessaires pour aspirer à une vie décente. L'explosion démographique n'a pas manqué d'aggraver la situation et la cité ne peut plus contenir tous ses habitants. Le chômage est omniprésent et l'usine de textile, la Sitem, qui faisait autrefois la fierté de la région et qui employait plus de trois cents ouvriers (en fait, tous les habitants de la cité) n'est plus en activité. Elle a fermé ses portes à cause du terrorisme, livrant ainsi tout le monde à l'oisiveté. Les rues sont dans un état de dégradation avancée. La cité est envahie par les eaux et la boue. Les jours de pluie, y pénétrer relève de l'exploit. les jours de pluie, les élèves arrivent tous les matins à leur école, les pieds pleins de gadoue. En 1990, rappelle-t-on, la commune a dégagé dans le cadre du programme de l'habitat rural, cinquante lots avec l'intention de détruire, par la suite, cette cité où règne la misère. Les habitants ont bénéficié, à cet effet, d'une enveloppe de trois millions de dinars pour la construction de plates-formes de logements. Un responsable de l'époque nous explique que cette somme était trop insuffisante, voire même dérisoire, vu le coût réel d'un tel projet, ce qui a fait que ces logements ne sont pas achevés jusqu'à ce jour. Aussi, le cauchemar de El Hay El Qaraoui, appelé aussi « Qadra ou keskes », perdure toujours, tandis que le rêve suscité par le programme de l'habitat rural s'est évanoui depuis bien longtemps. Les bénéficiaires n'ont que leurs actes d'attribution et leur situation n'a toujours pas été régularisée. Ils réclament en ce sens aux services des Domaines de prendre en charge leur cas pour leur permettre de sortir enfin de la précarité qui dure depuis des années. Depuis, ont proliféré au sein de cette cité, comme des champignons, des constructions précaires et difformes qui défient toutes les normes élémentaires de l'architecture et de l'urbanisme. Du reste, bien que l'installation du gaz de ville ait été achevée, il y a plusieurs mois, les essais pour sa mise en exploitation n'ont toujours pas été effectués pour des raisons que les habitants disent ignorer. L'un d'eux nous confie en ce sens : « on n'a pas voulu m'installer de compteur parce que je n'ai pas de mur extérieur pour le placer ! Et on ne m'autorise pas à construire ce mur qui me délivrera du supplice de la bouteille de gaz parce qu'il ne figure pas sur les plans ! ». En définitive, force est de reconnaître que beaucoup reste à faire du côté des autorités locales pour prendre en charge les besoins des habitants de cette cité, à commencer par le relogement des familles dans des demeures décentes pour mettre fin à cette précarité qui n'a que trop duré.