L'instauration du professionnalisme est au centre des préoccupations de la fédération algérienne de football (FAF) et du ministère de la jeunesse et des sports (MJS). Une commission interministérielle, composée de représentants du ministère de l'intérieur et des collectivités locales, du ministère des finances, du ministère du commerce, du MJS et de la FAF, a été mise sur pied à l'effet de faire avancer le dossier. Elle est à pied d'œuvre depuis une semaine. La concrétisation de ce projet passe par une étroite collaboration entre le MJS et la FAF. Chacun doit présenter les documents afférents à ce chapitre. Le professionnalisme est un passage obligé, imposé par la FIFA et la confédération africaine de football (CAF). A partir de 2011, tout club (algérien ou africain) qui n'aura pas une licence CAF (professionnelle) ne sera pas autorisé à participer à une compétition internationale inter-clubs. Une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête des clubs algériens. Pour éviter cette situation pénalisante, la FAF s'est déjà lancée dans un vaste programme d'explication et de sensibilisation en direction des clubs. La FIFA a fixé, préalablement, les exigences pour l'obtention de la (fameuse) licence. Elles sont de l'ordre de cinq, (sportive, administrative, juridique, financière, infrastructurelle et de personnel). La tâche ne s'annonce pas de tout repos. Structurellement, le football algérien souffre beaucoup de la faiblesse des infrastructures au niveau de quelques pôles de développement (Alger, Oran, Constantine), là où il y a une grande concentration de clubs de « l'élite ». Le doyen des clubs algériens et actuel leader du championnat de DI (MC Alger) n'a pas de domiciliation fixe. Le professionnalisme s'instaurera-t-il sans ce grand club ? Le quotidien des clubs est fait de problèmes et de tracas en tout genre. Ils naviguent à vue, leur assise juridique est en totale inadéquation avec l'objectif visé, l'infrastructure est obsolète à part quelques « îlots », la relation club-entraîneurs-joueurs ne respire pas la transparence en matière de contrats et de leur respect (surtout). Nos voisins tunisiens ont été les premiers en Afrique à emprunter la voie du professionnalisme, bien avant que la FIFA n'impose cette orientation (2000-2001), suite à l'arrêté Bosman, rendu par le Tribunal européen. La Tunisie s'est lancée dans le professionnalisme en 1996. Le projet a mûri pendant plus de 3 ans. Cette période a été mise à profit pour entamer une profonde réflexion sur le devenir du football de ce pays à la lumière des changements inéluctables qui allaient survenir vers la fin des années 1990. La fédération tunisienne a senti venir le coup. Des symposiums, réunions, débats et études se sont étalés sur 2 ans. Conclusion de ce travail colossal : comment faire pour surmonter le handicap (majeur) à l'époque, celui de la circulation de l'argent entre les différents acteurs du football (les faux amateurs et le professionnalisme marron). La FIFA impose le changement de cap L'Algérie est dans la situation de la Tunisie avant 1996. L'argent circule, mais le football n'avance plus. L'Algérie ne produit presque pas ou plus de talents, à l'instar des générations 1980 et 1990. Le contrôle de l'argent (subventions) sera réglementé. La FIFA en a fait un principe cardinal de sa stratégie dans ce domaine. Les clubs doivent présenter « un jeu complet d'états financiers établis à la date de clôture statutaire comprenant, en règle générale, un bilan, un compte de résultat, un tableau des flux de trésorerie, ainsi que des notes annexes et d'autres états et textes explicatifs qui font partie intégrante des états financiers. La fédération ou la ligue professionnelle est définie comme « bailleur de licence » par la FIFA qui impose ses « conditions contraignantes » à côté d'autres « facultatives ». Le cahier des charges varie en fonction des pays et de leur degré de développement. Le cahier des charges minimum préconise qu'un club doit disposer d'un terrain. En Algérie, aucun club ne possède sa propre infrastructure. Il faut donc présenter un document (contrat) qui atteste que le club a un contrat avec l'autorité communale pour l'utilisation du stade. La capacité d'accueil doit être d'au moins 8000 spectateurs. Le club doit (obligatoirement) engager des équipes de 12, 13, 14, 15, 16, 17 ans, juniors et espoirs. Chaque jeune joueur qui passera pro signera un (premier) contrat de 5 ans. Disposer d'un entraîneur (sous contrat ferme) de haut niveau et d'un médecin permanent. Le club doit avoir, au minimum, 20 joueurs sous contrat, tous assurés à hauteur d'une valeur de 50 000 dollars. Il peut faire signer, autant qu'il le veut, des joueurs de 18 ans. Par ailleurs, la loi qui régit la pratique du football doit être adaptée au nouveau contexte. L'Etat s'engage à accompagner le professionnalisme. La licence CAF sera délivrée en fonction des critères susdits. Dans le souci de garantir la présence de nombreux spectateurs, la FIFA et la CAF imposent certains critères que le club doit satisfaire. Exemple, le stade doit disposer de sanitaires propres, bien éclairés, comporter des lavabos avec, au moins, eau froide, serviettes, sèche-mains, sièges individuels séparés les uns des autres, confortables, numérotés, un espace réservé aux supporters du club visiteur, bonnes installations pour les médias... Tout cela ne pourra se faire sans un changement radical de la nature juridique du club. Celui-ci ne peut évoluer dans le cadre professionnel s'il demeure collé à son statut actuel.