Le patron du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Ali Haddad, pourrait annoncer sa démission dès aujourd'hui, apprend-on auprès de quelques membres de cette organisation patronale. Acculé par ses pairs au sein de ce syndicat, il a fini par accepter de recevoir une délégation d'une dizaine d'hommes d'affaires, dont des membres du comité exécutif, qui réclament son départ. Pour nos sources, «la délégation offre à Haddad une sortie honorable en le poussant à démissionner avec son bureau. Dans le cas contraire, il fera face à une démission collective des membres du FCE. Il fait de la résistance, mais nous savons qu'aujourd'hui, il sera obligé de prendre une décision : soit appeler à une assemblée générale extraordinaire qu'il refuse de convoquer, parce qu'il sait qu'elle lui sera fatale, soit démissionner et installer un intérimaire chargé de préparer l'assemblée générale. La deuxième option est la seule sortie honorable pour lui». D'autres membres de ce syndicat patronal sont formels : «Malgré tous les appels et les retraits en cascade des membres du Forum, Haddad a refusé de rendre des comptes. Mais, dimanche dernier, il a fait lire à certains de ses proches une lettre dans laquelle il a évoqué la convocation d'une assemblée générale. Nous avons appris que cette lettre n'a pas été validée et que Ali Haddad doit recevoir, dès aujourd'hui, une dizaine d'hommes d'affaires, dont des membres du comité exécutif, qui réclament son départ. Nous avons su aussi qu'il devrait annoncer sa démission.» Visiblement, la direction du FCE, notamment son président, vit ses plus mauvais moments, surtout depuis la diffusion sur les réseaux sociaux du contenu d'une communication téléphonique, entre lui et Abdelmalek Sellal, ex-directeur de campagne électorale du président-candidat Bouteflika et ancien Premier ministre, où des menaces contre les manifestants étaient clairement proférées. Installé depuis 2017, après le verrouillage de ses structures, par l'instauration d'un «collège de grands électeurs», choisis parmi les plus fidèles à Ali Haddad, pour bloquer toute velléité de contestation interne, le malaise n'a fait que s'aggraver au point de pousser la majorité des membres du FCE à geler leurs cotisations, puis leurs activités. C'est le cas de Hassan Khelifati, patron d'Alliance Assurances, ainsi que trois autres membres, Mohamed Arezki Aberkane, patron de Sogemetal, qui accuse Ali Haddad de «prôner l'anathème et le mépris à l'égard de tout un peuple qui exprime librement et dignement une revendication» ; Madjid Meddahi, PDG de Granitex, et l'industriel Laïd Benamor qui, en plus d'avoir gelé ses activités, démissionne de son poste de vice-président du FCE. Deux membres honoraires représentant de l'organisation en Allemagne et en Russie ont fait de même, creusant davantage la fissure qui lézarde les murs de la maison FCE. Certains hommes d'affaires préfèrent faire pression sur Ali Haddad, pour qu'il convoque l'assemblée générale, mais lui, appuyé par un bureau acquis et fidèle, refuse. «Bon nombre d'entre nous ont opté pour une démission collective, pour se démarquer de ces hommes d'affaires liés à un pouvoir aujourd'hui totalement contesté par la rue. Mais, d'autres ont estimé, à juste titre, qu'il faille récupérer le Forum, en poussant ceux qui ont failli vers la sortie», nous dit-on. Il y a quelques jours, Hassan Khelifati a déclaré publiquement que les membres fondateurs du FCE «veulent une assemblée générale extraordinaire pour demander un changement de l'encadrement et le retour aux anciens statuts». Pour eux, l'organisation patronale «est prise en otage par une minorité (…). Il faut de nouveaux hommes et une nouvelle vision». Aujourd'hui, Ali Haddad devra statuer sur le devenir de ce syndicat des patrons qui lui a servi ainsi qu'à une poignée d'oligarques, comme lui, à profiter de manière ahurissante de l'argent du contribuable durant 20 longues années.