Le plan de Sharon visant à saborder le projet de résolution de l'ONU sur le mur de séparation en Cisjordanie a lamentablement échoué avec le vote mardi à une écrasante majorité par l'Assemblée générale de l'ONU d'une résolution condamnant la construction du « mur de l'apartheid », comme il est qualifié par les palestiniens. Le texte présenté par un groupe de pays arabes et musulmans a été a adopté par 150 voix contre 6 et 10 abstentions. Les Etats-Unis se sont rangés bien évidemment aux côtés de leur allié stratégique, Israël, tandis que les pays de l'Union européenne ont voté unanimement en faveur de la résolution. Un vote qui a déplu aux Israéliens qui ont qualifié hier par la voix de l'ambassadeur israélien à l'ONU la position de l'UE de « soutien honteux ». Sharon était déjà monté au créneau lorsque la Cour international de justice (CIJ) de La Haye avait rendu son avis le 9 juillet dernier, décrétant illégale et non conforme aux lois internationales la construction du mur et appelant les autorités israéliennes à démanteler cette infrastructure qui court déjà sur près de 200 km le long du tracé frontalier avec la Cisjordanie pour atteindre une portée finale de 730 km. Il n'avait pas hésité à faire le lien entre l'avis de la cour et l'attentat survenu quelques heures plus tard à Tel-Aviv pour culpabiliser l'opinion internationale sur la sécurité d'Israël pouvant découler, selon lui, de l'avis de la CIJ. Hors-la-loi impénitent, il n'a pas manqué, à l'issue du vote de la résolution de l'ONU, de défier la communauté internationale en exprimant sa ferme résolution à poursuivre la construction du mur. Côté palestinien, le vote de l'ONU, est salué comme un événement historique. Le ministre palestinien chargé des Négociations, Saeb Erakat, a estimé qu'il ne s'agit pas seulement « d'une décision historique mais de la décision la plus importante pour la cause palestinienne depuis 1947 ». La question qui se pose à la suite du vote de cette résolution est de savoir quelles seront les suites qui lui seront données sur le terrain après le refus d'Israël de se soumettre à la volonté de la communauté internationale. Les Palestiniens, qui doutent de la disponibilité de Sharon à aller dans le sens de cette résolution pour l'avoir suffisamment pratiqué depuis qu'il est à la tête du gouvernement, en appellent déjà à des sanctions internationales dans le cas où Israël refuserait de s'y plier.