Le Premier ministre israélien est bien décidé à passer outre l'avis des Nations unies, et compte sur le soutien de l'“ami américain” pour bloquer toute résolution visant le démantèlement du “mur de la honte”. Israël ne tient pas compte de l'Onu. Sharon est déterminé à achever la construction du mur de séparation avec les Palestiniens en Cisjordanie, malgré le vote à une écrasante majorité de l'Assemblée générale de l'Onu contre ce projet que seul l'apartheid avait osé expérimenter dans l'Afrique du sud raciste. Les Palestiniens, bien qu'empêtrés dans une sérieuse crise interne, le Premier ministre de l'Autorité, Ahmad Qoreï, maintenant sa démission que Arafat refuse d'accepter, ont salué cette résolution, réclamant des sanctions internationales contre Israël s'il refuse de s'y plier. Pour Israël, rien ne peut contrarier son droit à une protection alternative contre le terrorisme palestinien. Le jusqu'au-boutisme israélien est, bien entendu, encouragé par Washington qui a agréé les explications et justifications de Sharon. Mur de l'apartheid, selon les Palestiniens et l'écrasante majorité de la communauté internationale, clôture de sécurité, selon Israël et les Etats-Unis, la ligne, dont 196 km sont achevés, doit être longue de 730 km, une fois finie. Elle s'enfonce en Cisjordanie occupée, qu'elle découpe comme de la dentelle. Plusieurs localités palestiniennes seront demain totalement enclavées et isolées des autres terres palestiniennes. Le chef de la diplomatie israélienne s'est, quant à lui, déclaré particulièrement déçu par la position européenne à l'Onu, estimant quelle s'est exclue du processus de paix au Proche-Orient. Le représentant de Sharon à l'Onu ne s'est pas empêché de fustiger, le soutien “honteux” de l'UE et, particulièrement, de la France à la résolution des Nations unies. Israël rend ainsi sa monnaie à la France, qui a décrété le Premier ministre Sharon persona non grata chez elle, tant qu'il n'aura pas fourni d'explications sur son appel à l'immigration en terre juive de français juifs victimes d'actes antisémites dans leur patrie d'adoption. En revanche, le ministre palestinien chargé des négociations, Saêb Erakat, a estimé qu'il ne s'agit pas seulement d'une décision historique mais de la décision la plus importante pour la cause palestinienne depuis 1947, faisant référence à la résolution du partage de l'Onu du 29 novembre 1947 créant un Etat juif aux côtés d'un Etat arabe palestinien, rejetée à l'époque par les Palestiniens et les pays arabes. Nous demandons à la communauté internationale d'imposer des sanctions à Israël s'il ne se plie pas à la loi internationale, a renchéri le principal conseiller de Arafat, Nabil Abou Roudeïna, dans une déclaration à l'Agence France presse. L'Assemblée générale de l'Onu a infligé mardi un désaveu cuisant, mais de portée symbolique à Israël, en adoptant à une écrasante majorité une résolution exigeant de lui le démantèlement du mur controversé qu'il construit en Cisjordanie, conformément à l'avis de la Cour internationale de justice (CIJ). Lorsque l'Assemblée générale avait saisi le 8 décembre la CIJ du mur, les pays européens s'étaient abstenus. La résolution, présentée par un groupe de pays majoritairement arabo-musulmans, a été adoptée par 150 voix contre 6 et 10 abstentions. Outre Israël, les Etats-Unis et l'Australie ont voté contre. L'UE a voté unanimement en faveur du texte. Pour que la résolution devienne exécutoire, il faut que le Conseil de sécurité l'appuie. Et ça, ce n'est pas pour demain d'autant que Washington a, d'ores et déjà, averti qu'il recourra à son droit de veto. D. B.